Par Hakim Laâlam
le soir d algerie.
Interrogée sur la nouvelle tenue moulante des policiers, une dame s’est écriée :
«Ça, c’est de la police de proximité ! »
Depuis que j’ai vu la photo de Radovan Karadzic au moment de son arrestation à Belgrade, c’est devenu mon jeu préféré. J’ai laissé tomber les longues parties de Scrabble sur internet. J’ai mis de côté le Majong. Je ne touche plus au flipper 3D. Je ne m’occupe plus que de mon nouveau jeu : imaginer à quoi ressembleront les dictateurs actuels lorsqu’ils seront forcément entrés en clandestinité et lorsque, à l’image de leurs «collègues», ils auront eu la géniaaaaaale idée de se laisser pousser les cheveux et la barbe, dans l’espoir d’échapper aux limiers du TPI. Les règles de ce jeu passionnant sont fort simples. Imprimez à partir d’internet des photos actuelles des dictateurs en poste… à souder la démocratie. Puis, téléchargez un logiciel de retouche photo. Et hop ! Laissez libre cours à votre imagination. Bon, d’emblée, vous seriez enclins, au vu de la fatcha de certains de ces potentats, à ne pas pouvoir les imaginer avec des cheveux longs et le visage bouffé par les poils. Méfiez-vous de ce genre d’a priori. Les dictateurs, même déchus, n’entrent jamais en clandestinité les mains vides. Souvenez-vous de Saddam. Il a été arrêté avec poils, barbe et caissette contenant moult dollars. Ils ont donc les moyens, les bougres, de faire pousser tout ce qu’ils veulent sur leur tête et sur leurs joues. L’argent peut tout, même transformer un crâne d’œuf en yéti. Pris par ce jeu passionnant, évitez aussi un autre piège. Celui de la taille et de la corpulence. L’argent pouvant toujours tout, un grand dictateur peut rapetisser ou s’allonger, maigrir ou grossir, faire virer au noisette ses yeux bleus, affiner ses mains boudinées ou les empâter. Un dictateur, ça peut tout. Presque tout. Y a un truc que ça ne pourra jamais réussir à faire, un dictateur, même avec tout l’argent du monde : vous empêcher de vous payer sa tête virtuellement en l’affublant d’autant de cheveux et de poils que votre imagination débridée vous commandera de le faire. Allez-y ! Lancez-vous ! Ce n’est qu’un jeu, au fond. Bien au fond des cellules où ils devraient tous finir un jour. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L