La rissala
par El-Guellil
La rue grouille. L'asphalte nouvellement étalé sur la chaussée détonne avec les façades qui attendent le ravalement promis par toutes les élections passées et à venir.
Sous ce qui reste d'un balcon, au seuil d'une mairie qui ressemble à dar el baladia, un écrivain public cale son bijou-gagne-pain entre ses jambes. Remington chérie, sa machine à écrire date de la colonisation et son vocabulaire aussi. Il fait partie des derniers résistants à l'ordinateur. Son clavier fait du bruit, il le sait. Il le taquine avec énergie pour lui demander d'être plus convaincant. A ses côtés une femme d'un certain âge . Je dirais même d'un âge certain.
- Zid tu leur dis belli el batima est en train de tomber en ruine. Et s'ils aiment rabbi, ils doivent trouver une solution avant que nos enfants meurent ensevelis sous ce qu'a construit l'istiimar. Pour l'instant, grands-parents, enfants, oncles et tantes vivons en attente sous les tentes. On tente de nous adresser à ceux qui sont foug el koursi depuis que les pompiers ont adressé un rapport nous interdisant de rester sous nos toits, sans résultat. Goulna c'est normal que personne ne nous réponde. Car ils étaient pris à l'organisation des festivals, par l'organisation de leur cilima arabe et s'occuper de leur diaf n'était pas une chose aisée. Rappelle-leur que notre comportement a été dicté par la sagesse populaire ouel guemna. Ni nous avons coupé les routes, ni brûlé de pneu. Mais d'après ce que nous chouffons fi la réalité, les autorités ne discutent qu'avec ceux qui brûlent les édifices. Ceux qui cassent et créent le désordre. Tu leur dis ya oueldi qu'à mon âge je ne comprends pas qu'on puisse loger des gens venus d'ailleurs parce qu'ils ont construit des bidonvilles. La politique guemna aussi. Si l'alcool tue sur les routes, il ne s'agit pas de supprimer les routes. Et pour conclure fakkarhoum. Qu'ils n'oublient pas que la sagesse populaire, c'est elle qui a fait Hitler et c'est elle qui a voté en masse sur un certain parti interdit aujourd'hui...