Le Ramadan ramène les Maghrebins vers la Mosquée
Pendant la période du mois sacré, les Maghrebins les moins attachés à la religion retrouvent le désir de revenir vers les Mosquées pour y prier.
C'est une foule qui se réunit à l'extérieur des Mosquées , attirée par la prière en ce mois du Ramadan.
Dès l'annonce du début du Ramadan faite par les commissions de surveillance du croissant - au repérage du croissant - les Mosquées s'emplissent d'adorateurs de tous les âges.
De nombreux maghrebins, qui ne sont pas strictement pratiquants, profitent de ce mois de jeûne pour prier et pour se rendre à des séminaires dirigés par des Imams ou des érudits spécialisés.
"Je ne sais pas ce qui me pousse à prier au cours du mois du Ramadan alors que je ne prie pas le reste de l'année", dit Fares, enseignant. "Il y a toute une atmosphère de piété et de soumission qui existe en ce mois, et qui m'amène à faire ce que font mes voisins et amis".
C'est un avis que partage Ali agriculteur. "Durant le mois sacré du Ramadan, je fais toutes mes prières. Je me rappelle être resté seul à la Mosquée à une occasion, les larmes me coulaient sur les joues. J'ai le sentiment que quelque chose d'étrange me ramène à la prière en cette période. Tandis que le reste de l'année, je quitte rarement les cafés et je n'arrête pas de boire du vin", dit-il.
Les maghrebins plus pratiquants sont divisés au sujet de ceux que seul le Ramadan ramène à la religion. Adel, directeur d'une entreprise privée, les rejette. "Les prières ne sont pas saisonnières", dit-il à . "Elles font partie intégrante des devoirs religieux".
D'autres maghrebins sont plus indulgents. "Ma belle-fille fait partie de ces gens qui ne prient jamais, hormis pendant le Ramadan", déclare Hajja Fadhila. "Même si cet état de fait ne me satisfait pas, je me dis que c'est finalement mieux que rien. Je ne la vois porter le voile et faire ses prières qu'au cours de ce mois sacré".
Les autorités tunisiennes ont juré d'offrir à la population respectant le Ramadan les meilleures conditions possibles. Le Président Zine El Abidine Ben Ali a expressément demandé aux citoyens d'accorder une considération particulière à ceux qui prient dans les Mosquées, afin que les fidèles puissent profiter de l'atmosphère de quiétude et de soumission désirée.
Au cours du Ramadan, les médias arabes - chaînes de télévision, stations radiophoniques - modifient également leur programmation habituelle, la remplaçant par des émissions à caractère religieux. En plus de ces diffusions, la radio religieuse Ezzeitouna, lancée en Tunisie il y a deux ans par l'hommes d'affaires tunisien Saker El Materi, présente des programmes religieux et des récitations Coraniques.
Mounir, sociologue, explique que le Ramadan affecte même ceux qui ne prient pas de façon régulière. "L'attachement à un mois exceptionnel dans l'année, et des circonstances tout autant exceptionnelles, ont un poids plus grand sur les individus", dit-il.
"Il y a une atmosphère générale qui crée une prise de conscience liée aux questions religieuses : les chaînes de télévision, les Mosquées ouvertes, et les séminaires religieux, tout ceci encourage le sentiment religieux. D'un autre côté, tous les individus ne sont pas touchés ; on doit être préparé à recevoir cela, en d'autre mot, une volonté individuelle doit être déjà existante", ajoute-t-il.
Fathi B., spécialiste des affaires religieuses, ne voit pas de problème dans la question des tunisiens les moins dévots, qui ne pratiquent la prière qu'au cours du Ramadan. "La Religion considère le retour aux prières comme une bonne chose, même s'il ne survient seulement qu'au cours du Ramadan. Elle encourage ceux qui jeûnent à ne pas revenir à leur condition antérieure à la fin du mois sacré. Elle les appelle à éprouver un repentir réel. Toutefois", souligne-t-il", l'Islam ne décrit pas ces gens comme des hypocrites ou des rénégats"....saha fator nwen.