LA POLUTION
Le 2 août 2006, pour la première fois depuis 25 ans, il a neigé à Johannesburg.
En même temps, sous des latitudes nordiques, on suffoquait par 35 degrés. Et récemment, il y a eu le cyclone Katrina, le tsunami indonésien, la canicule de 2003...
Bref, ces dernières années, même les météorologues les plus philosophes commencent à se poser des questions. Notre climat serait-il devenu fou ? Et si ces extrêmes étaient déjà la traduction de nos excès pollueurs, de nos abus exploiteurs, de notre inconséquence à nous, consommateurs frénétiques de ressources naturelles ? Un livre de Tim Flannery, «Les faiseurs de pluie», tire la sonnette d'alarme et nous explique, de façon concrète et lucide les dégâts que nous avons déjà provoqués et les méthodes pour nous sortir de là.
On doit répertorier des «bons gestes» pour stopper la catastrophe. Une éducation à repenser, une nouvelle attitude citoyenne. Nous avons dix ans pour inverser la vapeur. Il en pas de celui de nos arrière-petits enfants.
Pour limiter l'impact de l'activité humaine sur la planète, le protocole de Kyoto est entré en vigueur le 16 février 2005. Son objectif: réduire de 5,2 % les émissions de gaz à effet de serre sur la période 2008-2012 par rapport à leur niveau de l990.Pour cela, le traité attribue aux pays développés des objectifs en termes d'émissions et des arrangements prévoyant un troc des émissions des 6 gaz les plus importants, troc dont la valeur est estimée à 10 milliards de dollars. Ainsi, les plus pollueurs pourraient acheter un «bonus» aux moins pollueurs.
Certains pays ont refusé de se soumettre à ce protocole, notamment les Etats-Unis et l'Australie qui connaît pourtant le plus fort taux d'émissions de gaz à effet de serre par habitant de tous les pays industrialisés (90 % de l'électricité australienne provient du charbon). Question de choix plus que de nécessité, car l'Australie détient 28 % des réserves d'uranium de la planète, une surabondance de ressources éoliennes et solaires de grande qualité, et elle est la meilleure région géothermique du monde. Les gouvernements américain et australien prétendent qu'ils refusent de ratifier le protocole de Kyoto en raison de son coût économique prohibitif «Mais plus que le coût de la ratification, il importe de se pencher sur ce qu'il en coûterait de ne rien faire, insiste Tim Flannery. Aux Etats-Unis, le Centre national de données climatiques a dressé la liste des 17 événements météorologiques qui se sont produits entre 1998 et 2002 et qui ont coûté chacun plus de 1 milliard de dollars, la palme revenant à la sécheresse de 2002 avec 10 milliards de dollars. »
Si le protocole de Kyoto constitue un bon début, le scientifique estime que, pour stabiliser notre climat, il faut multiplier par douze son objectif et réduire de 70 % nos émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050.
«Aux gouvernements d'agir! » lance-t-il cri donnant l'exemple du Danemark qui a soutenu l'énergie éolienne et a réussi à en faire baisser le prix de revient. Le vent représente désormais 21 % de l'électricité du pays; 85% des capacités de production éolienne sont détenues par des particuliers ou des coopératives. « L'énergie est donc vraiment entre les mains des gens», conclut-il. Aux Etats- Unis, l'énergie éolienne pourrait couvrir 20 % des besoins énergétiques. Autres technologies à développer, celles qui exploitent directement l'énergie du soleil les systèmes d'eau chaude solaire, les systèmes thermiques solaires et le cellules photovoltaïques. « Le changement climatique nous concerne tous individuellement. A notre échelle, nous pouvons réagir pour moins polluer, lance Tim Flannery. N'attendez pas les gouvernements! » La route à suivre est beaucoup moins contraignante qu'on ne le pense. Il suffit de mettre en pratique quelques précautions élémentaires et d'être persuadé quem même les gestes les plus infimes ne sont pas inutiles. Parcourir à pied ou à bicyclette 2 kilomètres plutôt que de prendre sa voiture permet d'éviter l'émission dans l'atmosphère d'environ 250 grammes de dioxyde de carbone, principal gaz responsable de l'effet de serre d'origine humaine. L'amateur de viande rouge pourrait de temps en temps remplacer son steak par des légumes de saison: la production d'un hamburger de viande bovine requiert une quantité d'eau correspondant à une quinzaine de douches, 25 à 35 kilos de céréales et une quantité de pétrole égale à celle utilisée par une voiture à essence pour parcourir une trentaine de kilomètres! Avec des panneaux solaires ou de nini turbines éoliennes, tout le monde peut produire de l'énergie propre. Les possibilités de réduire notre consommation d'énergie et notre production de déchets ne manquent pas. A nous de dénicher nos gaspillages et de tenter, parfois par des gestes très simples, de les limiter.