En ce Ramadan, les mosquées connaissent une affluence massive, notamment lors de la prière du tarawih. Certaines personnes viennent de loin pour écouter les récitations du Coran, faites par des Imams aux voix puissantes.
A Casablanca, des milliers de fidèles, venus des villes avoisinantes, convergent après l'iftar en direction de la Mosquée Hassan II, pour y écouter Omar Qazabri, un jeune Imam connu pour la puissance et la précision de ses récitations.
"Je sens que je vibre aux intonations de sa voix", dit Hakim Bembaroudi, habitant de Rabat, et qui compte se rendre au moins cinq fois à Casablanca pour y prier à la Mosquée Hassan II. "Il crée une ambiance de piété alors que d’autres Imams ne réussissent pas à mettre en place cette atmosphère".
Au vu du nombre de fidèles sensibles à de telles réussites, Lahcen Moudaoui, professeur de l’Education islamique, déclare qu’au cours de la formation prévue par le ministère des Habous et des Affaires islamiques au profit des Imams, il faut prévoir la lecture du Coran.
" Je crois qu’on a de plus en plus de jeunes Imams qui essaient de se perfectionner dans tous les domaines", dit-il. "Le secret de l’afflux massif sur un imam plutôt qu’un autre réside dans sa voix et son excellente déclamation car on ne fait pas de prêche pendant les tarawihs". Indépendamment de l'Imam récitant la prière, le tarawih en lui même revêt une importance particulière aux yeux de nombreux marocains. Même les moins dévots se rendent à la Mosquée une fois par an et seulement à cette occasion.
"La prière du tarawih pendant le Ramadan est très prisée par les jeunes, même ceux qui n’ont jamais prié auparavant, car elle permet d’atteindre la spiritualité et la piété recherchées par les musulmans au cours de ce mois", dit Bahja Mouhieddinne, étudiant, qui ne rate pas un seul soir. "Je connais des jeunes qui ne font la prière que pendant le Ramadan", ajoute Mouhieddinne. "Ils sentent une satisfaction intérieure dans une ambiance marquée par la spiritualité".
Le Parlementaire Abdelbari Zemzemi intervient sur le sujet de la dévotion des marocains envers le tarawih et sur la pratique visant à voyager pour écouter des Imams particulièrement doués.
"ll est déconseillé dans l'Islam de se diriger à des mosquées éloignées car toutes les mosquées se valent", dit Ezmzemi, qui est également Imam. " Ce phénomène s’explique néanmoins par la satisfaction qu’on peut trouver chez certains imams qui excellent à psalmodier le Coran."
S'il reconnaît que tous les Imams ne sont pas tous aptes à mener à bien la prière du tarawih, rares étant ceux qui excellent dans la plasmodie du Coran, il pointe du doigt ceux qui ne font la prière que pendant le Ramadan.
"C’est de l’hypocrisie sociale", dit Zemzemi.
Pour sa part, le sociologue Ali Châabani signale à Magharebia qu’"on ne peut pas qualifier ceux qui font la prière que durant le Ramadan d'hypocrites". [/b
"[b]Il n’existe aucune contrainte pour faire la prière du tarawih", dit-il. "Il n’y a ni association qui appelle à cette pratique ni des affiches de sensibilisation…C’est une affaire religieuse et purement volontaire. Il est ainsi difficile de parler d’hypocrisie sociale".
Selon Chaâbani, le marocain est doté d’un esprit profond marqué par la foi même si cela n’apparaît pas vraiment dans la vie quotidienne.
"Lambiance du Ramadan au Maroc, qui inclut également la prière ,est fortement liée aux traditions sociales", explique le sociologue. "Les Marocains se sont habitués à la prière du tarawih. L’homme d’aujourd’hui est l’enfant qui accompagnait il y a quelques années ses parents à la mosquée"."
"La plupart trouvent une détente spirituelle qui émane de la présence massive des fidèles ainsi que de la bonne lecture du Coran", conclut-il.