LA HAVANE - La génération de la révolution cubaine a perdu une de ses figures historiques vendredi, Juan Almeida Bosque, commandant de la révolution et "numéro trois" du gouvernement cubain, décédé à l'âge de 82 ans d'une crise cardiaque.
"C'est avec une grande tristesse que la direction du parti et de l'Etat annonce à notre peuple que le commandant de la révolution Juan Almeida (...) est décédé dans la capitale" à 23h30 heure locale vendredi (03h30 GMT samedi).
Juan Almeida était l'un des trois dirigeants cubains encore en vie à avoir le titre honorifique de "Commandant de la révolution", aux côtés de Ramiro Valdés et Guillermo García, et l'unique mulâtre. Il était vice-président du Conseil d'Etat, membre du bureau politique et du Comité central du parti, ainsi que député.
Sa mort est une perte de taille pour la vieille garde qui a mené la révolution cubaine et demeure au pouvoir. Fidel Castro, le leader, a 83 ans, Raul Castro, président de Cuba à la suite de la grave maladie de son frère, en a 78, et le "numéro deux" du régime, José Ramon Machado, en a 78 également.
Maçon mulâtre issu d'une famille ouvrière, Almeida a marqué par son arrivée dans le cercle restreint du pouvoir une rupture à une époque où le racisme était fort et les gouvernements antérieurs essentiellement composés de généraux et professeurs.
Son nom "restera pour toujours dans le coeur et l'esprit de ses compatriotes comme paradigme de fermeté révolutionnaire, de convictions solides, de courage, de patriotisme et d'engagement auprès du peuple", ajoute le communiqué officiel.
Le gouvernement a décrété un deuil national de 12 heures à partir de 12h00 GMT dimanche.
Almeida sera inhumé avec les honneurs militaires dans un mausolée près de Santiago de Cuba (est). La date de ses funérailles n'a pas été fixée.
Né le 17 février 1927 à La Havane, Almeida avait pris part à l'assaut de la caserne de la Moncada, en 1953, considéré comme le début de la révolution. Il a accompagné Fidel Castro dans toutes les phases de la révolution, connu la prison, l'exil au Mexique, le débarquement du yacht Granma en 1956 et les combats dans les montagnes de la Sierra Maestra.
Il est célèbre pour avoir crié, alors que les révolutionnaires étaient en minorité face aux troupes du dictateur Fulgencio Batista: "Ici personne ne se rend, bordel !".
Sa mort a provoqué la consternation samedi à La Havane.
"C'est le premier des hauts dirigeants (à mourir), il faut se préparer parce que d'autres le suivront en toute logique", a déclaré Maria Cruz, une femme au foyer de 54 ans.
"Il a été un des artisans de la révolution cubaine", a affirmé le président du Parlement Ricardo Alarcon qui a ajouté: "ici dans ce pays, personne ne va se rendre !"
Après le triomphe de la révolution en 1959, Almeida a été chef de l'armée de l'air et de l'état-major de l'armée. A partir de 1970, son activité s'est concentrée sur le Parti communiste.
Il était père de neuf enfants. Sa fille aînée vit aux Etats-Unis depuis 2005 et un de ses fils, Juan Almeida Garcia, a été arrêté en mai quand il tentait d'émigrer illégalement à Miami.
En parallèle de ses activités politiques, Almeida a écrit une dizaine de livres consacrés à l'histoire de la révolution cubaine et environ 300 chansons très populaires dans l'île caraïbe.AFP