Pas moins de 1005 ha de forêt ont brûlé durant la semaine du 19 au 25 juillet, indique la DGF, reprise par l’APS. Et de préciser que « la DGF a enregistré, dans le cadre de la campagne de prévention et de lutte contre les feux de forêt, 128 foyers ayant parcouru plus de 1000 ha, dont 375 de forêt, soit une moyenne de 18 foyers par jour et de 7 ha par foyer ».
Pour l’année 2007, la Direction générale des forêts avait enregistré 637 foyers pour une superficie totale de 9765,95 ha. Un chiffre effarant quant on sait la difficulté à reboiser et maintenir en vie une nouvelle couverture forestière. Une couverture qui devrait s’étaler sur le quart du pays, selon des normes communément admises. En Algérie, la forêt ne représente que 11% de la superficie du territoire, malgré les efforts soutenus qui auront permis de reboiser environ 900 000 ha depuis l’indépendance et d’arborer ainsi fièrement le taux de 4 millions d’hectares boisés.
Un chiffre qui nous rappelle celui de 1830, à l’époque de la colonisation française qui a trouvé ici quelque 5 millions d’hectares de forêt. Jusqu’en 1962 et pour répondre à la politique de défrichage pour accorder des terres aux colons, quelque 2 millions d’hectares ont été perdus, faisant chuter le taux de boisement algérien à 3 millions. Mais ce qui fera le plus de mal à la forêt algérienne dans toute sa tumultueuse histoire depuis 1830, c’est la guerre d’indépendance, puisque pas moins de 67 000 ha auront péri sous la flamme du napalm entre 1956 et 1965. Comparativement, durant les années noires du terrorisme, 1996-2005, seulement 24 000 ha ont brûlé. Mais loin des luttes armées, la forêt continue de souffrir et les bouleversements climatiques font craindre le pire. Un pire qui n’a rien de si dramatique, si l’on s’en tient aux tendances scientifiques de l’heure qui soutiennent que les incendies font partie du cycle de vie (et de mort) d’un écosystème. En effet, et de tout temps, la forêt à eu à subir des incendies et des dégradations la mettant en danger. Pour beaucoup, une forêt incendiée n’est pas un désert, mais un nouvel écosystème auquel l’homme doit s’adapter, mieux que l’homme pourrait exploiter. Selon des études québécoises, « les arbres incendiés sont en fait à la base d’un réseau complexe de relations écologiques entre de nombreuses espèces animales et végétales ».
Précision : « ainsi, même si un feu de forêt élimine généralement une grande partie de la faune locale et qu’une forte proportion des arbres est consumée, de nombreuses espèces associées aux arbres morts encore sur pied y trouvent des conditions de vie uniques pour accomplir leur cycle vital immédiatement après le feu ». Certaines espèces animales comme des oiseaux opportunistes creusent des cavités dans le bois mort pour se reproduire, des insectes, tels que les coléoptères xylophages et dont les larves se nourrissent de bois, colonisent les arbres morts. Cette diversité d’espèces interdépendantes crée un nouvel écosystème permettant aussi à l’arbre d’être régénéré, dès lors que pendant l’incendie des graines tombent au sol, ouvrant la voie à de nouvelles générations. Et puis un incendie de forêt peut avoir une fin commerciale, car le bois mort peut être exploité. C’est un plan d’aménagement d’urgence qui répond à une nouvelle donne mise en avant par le Québec : le rôle écologique des arbres brûlés. Loin de ces préoccupations somme toute étrangères, puisqu’en Algérie il n’existe pas de plan d’aménagement des arbres vivants, la parade consiste à lutter contre les incendies en misant sur la vigilance des citoyens. A l’Institut national de recherche forestière, situé dans la forêt de Baïnem à Alger, les chercheurs ont des solutions. Ils connaissent les secrets des arbres et sont familiers avec la nature. Sensibles à cet écosystème, dont son étude constituera leur préoccupation première, les chercheurs veulent une gestion de la forêt. Un aménagement qui entre dans le cadre impérieux du développement durable. IN EL WATAN