Le lien tabagisme/grippe n’a rien de surprenant, si ce n’est qu’il peut aussi s’appliquer à la grippe du moment, la pandémie A/H1N1. C’est l’Office français de prévention du tabagisme (OFT) qui alerte aujourd’hui les fumeurs sur leur risque, fortement accru de contracter la grippe, et « en particulier, la grippe A/H1N1 ». C’est en effet le résultat logique des 3 résumés d’études présentées par l’OFT, sur le lien entre tabagisme et grippe, appliqué au cas de la grippe A/H1N1. Objectif de sensibiliser au mieux les 13,5 millions de fumeurs français… La pandémie de grippe arrive… Fumer apparaît comme un facteur de risque.
Les 3 études rapportées par l’OFT annoncent une augmentation du risque d’infection allant de 43 à 59 % chez les fumeurs, en comparaison des non fumeurs. La contamination par la grippe A/H1N1 dépend bien sûr de bien d’autres facteurs de risque comme l’appartenance à une communauté ou à un foyer touché, la fréquentation de lieux publics et le contact avec le public, le résultat peut sembler discutable.
La grippe n’est pas qu’une maladie respiratoire, c’est une maladie virale avec d’autres conséquences « au-delà du poumon ». Ses complications sont dues surtout au virus A, dont l’appareil respiratoire est certes la principale cible. La grippe évolue alors en pneumonie aiguë marquée de lésions de l’épithélium bronchique, déclenchant une réaction inflammatoire locale avec œdème. Tout l’appareil est touché (bronchopneumopathie). Le tabac est également un des principaux facteurs de bronchopneumopathie, 5ème cause de mortalité dans le monde.
Le risque de complications est plus élevé chez les fumeurs. Les études animales montrent une réaction inflammatoire plus importante au début de l’infection (1). Fumer multiplie par 2,6 le risque d’avoir une pneumonie à pneumocoques chez le sujet sain, rappelle l’OFT. La fumée diminue les capacités de défenses des voies respiratoires contre les agressions virales, le fumeur est donc plus vulnérable à une infection grippale.
Les pneumonies constituent la première complication bactérienne de la grippe saisonnière. Le vaccin antipneumococcique effectué tous les 5 ans permet toutefois d’éviter ces complications. Le fumeur est protégé par la vaccination comme le non fumeur, seule une étude suggère une durée d’immunisation moins prolongée.
Quant à la grippe A/H1N1, on a encore peu de recul sur les complications cliniques de cette nouvelle infection virale. Les cliniciens s’attendent à des complications similaires à celles de la grippe saisonnière : Aggravation des maladies chroniques sous-jacentes, maladies des voies respiratoires supérieures (sinusite, otite moyenne), maladie des voies respiratoires inférieures (pneumonie, bronchiolite, crises d’asthme), troubles cardiaques , musculo-squelettiques et neurologiques, syndrome du choc toxique et pneumonie avec ou sans septicémie.
L’OFT rappelle, grippe A/H1N1 ou pas, le tabagisme reste aujourd'hui la première cause de mortalité évitable en France et qu’un fumeur sur deux meurt d’une maladie liée au tabac.