Ziani : «Après ce qui s’est passé, l’Egypte peut oublier le Mondial»

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Pour commencer, comment est l’état d’esprit du groupe ce matin après ce qui s’est passé lors de votre arrivée ici au Caire ?
Ça va. Le groupe reste soudé. Il est vrai que nous avons passé une nuit quelque peu agitée après ce qui s’est passé. On reste dans notre match. La concentration est au maximum. Dieu merci, il n’y pas eu trop de casse et c’est le plus important.

Que s’est-il passé au juste ?
Tout était normal au début. Durant le peu de temps que nous avions passé dans le hall des arrivées, tout était tranquille. Les sifflets et les quolibets ont commencé à fuser une fois sortis de l’aéroport. On a essayé d’en faire fi. On s’était dit sur le coup que cela est normal. Seulement, à environ cinq cents mètres de l’hôtel, les vitres commençaient à sauter une à une sous les coups des pierres qui venaient de partout. On a essayé de se protéger en nous mettant tous à plat ventre au milieu du bus, mais certains de mes coéquipiers ont malheureusement été touchés.

Qui était précisément dans le bus?
Les joueurs et les staffs technique et médical.

Quelle est la personne qui a filmé alors les images de l’agression ?
C’était Saïfi ! Il a eu la bonne idée de filmer les scènes de manière à montrer au monde entier ce qui nous est arrivé.

Les Egyptiens vous accusent d’avoir prémédité l’agression et cassé les vitres du bus… Ils racontent même que vous vous êtes blessés mutuellement pour faire croire à une agression. Qu’avez-vous à répondre ?
Ça me fait rire. Sincèrement, je ne peux qu’en rire. C’est vraiment absurde d’être allé jusqu’à nous accuser d’être blessés volontairement et d’avoir cassé le bus qui est censé nous emmener à l’hôtel. La couleuvre est trop grosse pour être avalée. On aurait dû nous sortir quelque chose de plus réfléchi, facile à gober, quoi… Ils sont prêts à tout faire pour passer au Mondial. Qu’ils sachent que leurs chances sont réduites à zéro ! Après ce qui nous est arrivé, on est prêts à laisser notre peau sur le terrain. Qu’ils oublient la qualification. Le sang qui a été déversé ne sera pas vain. Rien, je dis bien rien, ne nous consolera à part la qualification. Ce sera notre riposte à cette injustice dont on a été victimes. A Alger, on les a accueillis pourtant avec des fleurs, je ne comprends pas toute cette haine.

Peut-être pour vous faire peur…
Mon œil ! S’ils pensent que c’est en nous bombardant de pierres qu’ils vont nous faire peur, ils se gourent. On est des hommes ! S’ils l’étaient eux aussi, ils ne se seraient pas attaqués à notre bus avec des pierres. Ils savent pertinemment qu’ils ne peuvent pas rivaliser avec nous, d’hommes à hommes, c’est pour ça qu’ils font appel à ce genre de pratique. Bon sang, ils étaient prêts à nous tuer pour passer et les preuves sont bien là…

Lesquelles ?
Ben, les pierres. Elles étaient grosses comme ça ! Encore heureux qu’aucun joueur n’ait été touché à la tête, sinon le pire serait arrivé. Tout ça pour une histoire de qualification en Coupe du monde. Rien que pour ça, je leur dis : Oubliez la Coupe du monde. Pensez dès maintenant aux justificatifs à fournir, car cette qualif’, on l’aura. Je répète, le sang qui a coulé ne sera pas vain. Ceci n’a fait que nous motiver encore plus pour les massacrer sur le terrain et voir ainsi l’emblème national flotter en Afrique du Sud.

Sincèrement, vous attendiez-vous à un tel accueil ?
Pas le moins du monde ! Je me demande aujourd’hui ce qui serait arrivé si nous étions venus plutôt. C’est bien dommage, car même aux fins fonds de l’Afrique, on ne nous a pas traités de la sorte. Si cela était arrivé après le match, ç’aurait été compréhensible. On l’aurait expliqué par la déception de l’élimination. Mais là, ça prouve toute la haine qu’ils ont pour nous. On ne pardonnera pas !

Ne craignez-vous pas que cet incident vous fasse perdre votre sang-froid ?
Non, au contraire. On jouera avec toute la sérénité voulue. Maintenant, on sait ce dont ils sont capables. Sachant qu’on est meilleurs techniquement, plus rien ne pourra nous impressionner. On est plus que jamais préparés pour ce match.

Avez-vous un message à adresser au peuple algérien ?
Je leur dirai de continuer à croire en nous. Qu’ils sachent qu’on est des hommes et qu’on ne se laissera pas faire. Un pays qui a enfanté un million et demi de martyrs a enfanté aussi des hommes prêts à se sacrifier pour le pays. Vive l’Algérie !

Entretien réalisé par Redouane B.

Il refuse le cadeau d’un Egyptien…
Dès l’arrivée de la délégation algérienne à l’aéroport international du Caire, un Egyptien a voulu offrir un joli stylo à Karim Ziani. Ce dernier a refusé poliment le présent en s’excusant. Renseignements pris, Karim a eu peur que ce soit l’une des sorcelleries égyptiennes surtout qu’il est l’un des meilleurs joueurs de notre sélection.

… et remet un autre à sa place
Au moment de quitter l’aéroport, un autre Egyptien s’est approché de Karim et lui a dit : «Vous êtes éclatant.» Aussitôt, Karim a répliqué : «Je n’ai pas besoin que vous me jetiez des fleurs.» Une réplique qui a fait marrer ses partenaires au moment de prendre place dans le bus.