Israël et le terrorisme nucléaire.
Pour la première fois depuis sa création en 1948, l’Etat hébreu est mis sérieusement en difficulté par la communauté internationale y compris par les Etats-Unis, son allié «inconditionnel». Il perd tellement de sa superbe que son Premier ministre, Netanyahu, a préféré ne pas affronter les participants au Sommet nucléaire prévu à Washington lundi et mardi prochains. Aucune explication officielle de cette «annulation» n’a été fournie. A Tel-Aviv, les responsables préfèrent s’exprimer «sous le couvert de l’anonymat». Pour ne rien dire d’ailleurs. Le relais est passé aux médias israéliens qui expliquent le revirement par la présence au sommet de «certains Etats musulmans (qui auraient prévu) de faire pression pour faire ouvrir les installations nucléaires israéliennes aux inspections internationales». Il convient de préciser que le Sommet réunira des chefs d’Etat et de gouvernement de 47 pays parmi lesquels l’Algérie. Il y aura également la Turquie qui a durci le ton avec Israël, l’accusant d’être «la principale menace pour la paix». Cela dit, il faut savoir que jamais, au grand jamais, Israël n’a participé à une quelconque rencontre internationale sur le nucléaire. Et pour cause: elle est la seule dans la région à posséder l’arme atomique au mépris des lois et règlements internationaux. De nombreux indices portent à croire que la communauté internationale commence à réagir. L’idée «d’un monde dénucléarisé» émise par Obama commence à gagner en crédibilité. Le dernier accord Start signé avec la Russie à Prague, jeudi dernier, qui prévoit que les deux pays s’engagent à réduire de 30% leur armement en ogives nucléaires est un de ces indices. Mais pas le seul puisque l’objectif même du Sommet de Washington est «la prévention du terrorisme nucléaire». En clair, il s’agit d’avoir l’adhésion des pays, surtout ceux qui possédent l’arme nucléaire, «d’empêcher les terroristes d’y avoir accès». C’est donc une pirouette justifiée qu’Israël vient de jouer. Si l’Etat hébreu a pu faire croire dans un premier temps à sa participation, c’est parce que le sommet de Washington réunira même des pays comme le nôtre, qui ne possèdent pas l’arme atomique, mais dont l’avis et les conseils sur la lutte contre le terrorisme sont recherchés. Netanyahu ne pouvait donc pas se précipiter à refuser l’invitation. Il se devait d’agir en deux temps. Commencer par dire oui et trouver un prétexte pour dire non la veille du Sommet. C’est ce qui se passe. Le seul prétexte ridicule qui ait été trouvé et cette soudaine «peur des pays musulmans». Peu importe, le ridicule n’a jamais tué personne. Ceci n’empêche pas qu’Israël se place en même temps dans la position de l’Etat qui ne veut pas s’engager clairement contre «le terrorisme nucléaire». Et de se mettre à dos, de manière plus active, toute la communauté internationale. La Russie, la Chine, les Etats-Unis de plus en plus, la Turquie tout récemment, haussent le ton sérieusement. Au temps de la suffisance, Netanyahu aurait carrément fait annuler le Sommet. C’est ce qu’il a essayé de faire, sans succès, lors de son dernier tête-à-tête (sans conférence commune) avec Obama, avancent plusieurs observateurs.
Zouhir MEBARKI