Extrait:Lorsque le prince des moudjahidines Ahmad Qassir, qui avait seulement 18 ans en 1982, a pris d’assaut le centre du commandement militaire israélien à Tyr, tuant 140 soldats et provoquant une lourde perte dans les rangs de l’ennemi, une nouvelle époque d’opérations martyres a été fondée.
Nous avons choisi cette journée pour célébrer tous nos martyrs, tous nos dirigeants martyrs, tous nos hommes, nos femmes et nos enfants qui ont été tués dans les champs de bataille et dans les massacres.
C’est la journée de la commémoration du dernier martyr Mahdi Mohamad Herz qui a succombé récemment lors du démantèlement de mines israéliennes dans le sud du pays.
Nous devons parler en cette journée de leurs exploits, de la liberté et de l’indépendance qu’ils nous ont assurées. Je parlerai de leur cause, de leur résistance et des échéances auxquelles la résistance fait face en cette époque.
Nous sommes actuellement aux abords d’une phase très sensible frappe la résistance, le pays et la région. Nous sommes concernés par la préservation de la résistance et de son avenir, et c’est un devoir national pour tous.
Le Liban fait face à un nouvel épisode venant de l’extérieur, et la résistance s’apprête à une nouvelle confrontation.
Selon ma propre lecture de la situation, nous avons passé par cinq épisodes d’agressions contre la résistance.
Je m’arrête sur ce que nous avons lu ces dernières semaines dans la presse et dans les livres occidentaux. Ceux de Tony Blair et de George Bush sont les plus importants, parce qu’ils ont un aspect juridique et sont sous forme d’aveux. Certes, le livre français est aussi important.
Je voudrais d’abord souligner l’ampleur de la rancune et de la sauvagerie auxquelles pensaient George Bush et Tony Blair. Ce dernier ne parlait pas par exemple du renversement du régime syrien mais de la destruction de l’Etat syrien. En Irak, nous avons assisté à la destruction du pays et non à un changement du régime politique. Ils ont détruit l’armée irakienne et toutes les institutions, aujourd’hui, les Irakiens doivent reconstruire leur pays à tous les niveaux.
Pour eux, l’objectif est de détruire l’Irak, l’Iran, l’Afghanistan et tous les autres pays, pour servir les intérêts d’Israël.
Parlons maintenant de la résistance et des dangers qu’elle a confrontés, après sa victoire en 2000. A cette date, nous sommes entrés dans une nouvelle phase.
Le premier épisode est celui de la confrontation avec la communauté internationale. La résolution 1559 était la première procédure. Sylvan Shalom, l’ancien ministre israélien des Affaires étrangères, dit avoir effectué une tournée autour du monde pour convaincre les présidents des pays d’adopter cette résolution. Il voulait mettre la résistance libanaise en face de toute la communauté internationale. Ces efforts israéliens ont coïncidé avec une réunion entre Jacques Chirac et George Bush qui se sont mis d’accord sur le contenu de la résolution 1559. Donc, il s’agit d’une résolution américano-française. Avant la publication de la 1559, la résistance ne faisait pas partie de la formule politique interne libanaise.
Pour Chirac, la priorité était de chasser les troupes syriennes du Liban. Mais pour Bush, il fallait frapper la résistance.
Hier, Sylvan Shalom a dit que l’acte d’accusation conduira à la mise en œuvre de la résolution 1559. Certes, il a tort.
Peut être croyait-il que toutes les pressions et les intimidations pousseront la résistance à se soumettre à la volonté de la communauté internationale ? Ce sont de mauvaises estimations.
Quant au 2ème épisode: celui de l’assassinat du président martyr Rafic Hariri qui a eu l’effet d’un tremblement de terre au Liban. A la suite du retrait de la Syrie du Liban, il fallait reconstruire le pays selon la vision américaine. Ce retrait visait à frapper la résistance. En effet, ce que la presse a publié sur la teneur des rencontres entre moi et l’ambassadeur français était correct. L’administration de Chirac prévoyait d’amener la résistance et le Hezbollah au pouvoir. Chirac avait dit à un président d’un pays de la région qu’il était d’accord avec Bush de mettre fin à la résistance, avec la différence que Bush voulait le faire par la force, contrairement à son homologue français.
Selon ce dernier, le fait de permettre au Hezbollah d’accéder au pouvoir le poussera à renoncer dans l’avenir proche à ses armes qui se transformeront en un lourd fardeau.
Chirac n’avait que le délai d’un an pour tenter avec ses amis au Liban (pour ne pas utiliser autre appellation) de réaliser le projet du nouveau Moyen Orient. On nous a ouvert toutes les portes du pouvoir, et aucun parti n’a reçu d’offres aussi attractives que les nôtres.
Il y a deux jours, certains dirigeants du 14 mars ont accusé le général Michel Aoun d’avoir parlé du système tripartite, dirigé par les sunnites, chiites, et les chrétiens. Mais en effet, ce sont les Français qui ont proposé aux Iraniens à Téhéran de revoir l’accord de Taëf et de rédiger un nouvel accord sur la coexistence au Liban, prétendant que celui de Taëf est très ancien et qu’il date de vingt ans.
Qui a-t-il parlé de nouvel accord au Liban avec le soutien de cinq pays arabes ? C’est kouchner. Pourquoi les défenseurs de l’accord de Taëf sont-ils restés la bouche cousue? Pis encore, il y a quelques semaines, un député prometteur des forces du 14 mars a parlé d’un nouveau régime politique qui fonde le fédéralisme au Liban. Où sont les dirigeants du 14 mars ? Pourquoi ne disent-ils rien ?
Pourquoi ont-ils proposé l’idée tripartite ? Pour ouvrir l’appétit des chiites pour le pouvoir. Mais quel en est le prix en contrepartie ? Abandonner la cause palestinienne. Je vous le dis franchement, si on ouvre les portes de Haret Hreik devant les Américains, ces derniers n’iront plus ailleurs et renonceront à toutes leurs visites actuelles! La pensée pragmatique américaine leur permet de changer le fusil d’épaule facilement.
Si nous acceptons les concessions, les Américains seront prêts à signer des accords même avec les mouvements islamiques.
Mais, vous nous avez mal compris. Vous avez cru que nous aspirons au pouvoir et que la résistance est prête à renoncer à sa cause et à sa dignité. Nous ne vendons pas nos martyrs même en contrepartie du pouvoir entier. Il est de notre devoir de préserver notre résistance. Tous vos efforts se sont avérés vains.
Des forces locales nous ont proposé le pouvoir, je vous rappelle les compliments de certaines forces du 14 mars envers cette résistance et sa moralité. Mais ces derniers nous font des compliments pour nous tuer ensuite.
Le 3ème épisode : celui de la guerre. Sur le plan américain, il fallait que le nouveau Moyen Orient voie le jour, parce qu’ils se préparaient aux élections partielles.
Les Américains veulent résoudre le problème d’Israël et non du Liban. Nous devons toujours nous rappeler, nous les arabes, que pour les Etats-Unis, c’est la survie et la domination d’Israël qui comptent.
Le colonel libanais Rimon Eddé avait envoyé une lettre à Kissinger le 14/06/1976, et sa teneur fut publiée par le quotidien An Nahar. Edde accuse les Américains de vouloir détruire le pays. J’espère que les chrétiens et les jeunes du 14 mars entendent bien les propos de Kissinger. Ce dernier lui a répondu: « Il est vrai que je pense créer de petits Etats pareils à Israël après mon échec de convaincre les pays arabes de signer la paix avec Israël, et il est vrai que les événements sanglants que nous avons provoqués au Liban nous ont permis de trouver un terrain pour ébranler la formule de la coexistence et de porter une grande atteinte au seul régime démocratique au Liban. Pour lui, le Liban est un lourd fardeau pour l’Occident parce que les idées libres émanant du Liban ont nui à l’Occident. Je veux établir un nouveau régime au Liban. Il faut mettre à l’écart le régime libanais pour permettre d’aboutir à la paix dans la région. … la guerre ne s’arrêtera pas tant que la sécurité d’Israël est menacée, parce que tout ce qui se passe dans la région dépend de cette logique. Ma fidélité à Israël équivaut à ma fidélité à mon épouse et à mon pays.
Nous avons toujours comploté contre les pays de la région mais nous avons échoué à cause de la résistance. Le Liban est un pays idéal pour mettre en œuvre les complots. Je ne m’attendais pas à ce niveau de réussite, mais les différends entre les Libanais nous assurent toujours la réalisation complète de nos projets. »
Il faut que tout Libanais lise cette lettre. Tous ceux qui ont suivi les Américains depuis des décennies ont connu le même sort. Rien n’importe aux Etats-Unis autre que la sécurité d’Israël.
Après l’échec des tentatives d’amener la résistance au pouvoir, et vu l’urgence de créer le nouveau Moyen Orient, la décision de la guerre a été prise. Bush s’attendait à l’élimination du Hezbollah en une semaine, et c’est logique, vu l’ampleur des frappes qui laissaient faire ce constat. Mais ce ne fut pas le cas. Bush a exprimé sa déception et imputé la responsabilité à l’action militaire israélienne.
Malgré cela, Bush a exigé des Israéliens la poursuite de la guerre mais les Israéliens ont échoué. Ce qui a mis fin à la guerre ce sont les combattants et leur bravoure, non pas les traitres.
Bush a décidé de recourir à l’ONU pour sauver Israël. Les forces du 14 mars acceptent-elles ces propos américains ? Acceptent-elles de savoir que cette politique visait à sauver Israël ?
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