Des intellectuels algériens dénoncent
Les USA et l’UE se sont encore une fois trompés d’adresse pour réparer leurs ratés diplomatiques.
Une campagne médiatique de l’Occident et des Etats-Unis est lancée contre l’Algérie. C’est le cas depuis l’interdiction, par les autorités algériennes, de la marche du 12 février dernier à laquelle a appelé la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (Cncd). Les spécialistes sont catégoriques. Il s’agit d’une volonté de l’Union européenne et des Etats-Unis de réparer leurs ratés diplomatiques après avoir manqué leur coup sur ce qui s’est déroulé en Tunisie et en Egypte.
Usant de l’alibi des droits de l’homme, des libertés démocratiques et d’expression, les USA et l’UE, a expliqué le politologue Mustapha Saïdj, se sont arrogé un droit d’ingérence dans les affaires internes de différents pays. «Il s’agit de définir leurs rôles selon leurs propres conceptions et leurs intérêts hégémoniques en gérant sournoisement le cours des événements, suivant leurs convenances».
Selon lui, «les récentes déclarations et mises en garde de la Maison-Blanche et des Européens suggérant à l’Algérie de respecter le droit des citoyens à manifester et à s’exprimer librement et pacifiquement en sont la preuve». En fait, le professeur Mustapha Saïdj a soutenu que le droit d’ingérence est mis en marche pour servir des intérêts hautement stratégiques et géostratégiques. «Ce droit d’ingérence, sous l’alibi des droits universels et démocratiques, est devenu un paramètre important dans les relations géostratégiques.»
De son côté, le politologue Abderezzak Saghour a indiqué que depuis 2002, peu avant l’invasion de l’Irak, les intellectuels occidentaux ont soutenu l’idée de défendre la démocratisation du Monde arabe, qui commencerait par l’Irak, puis s’étendrait à toute la région. En ce temps, les politiques français et leurs médias ont comparé cette démarche à une nouvelle théorie des dominos. Cette théorie, de l’avis de Abderezzak Saghour, a été «énoncée au XXe siècle, selon laquelle le basculement d’un pays en faveur du changement serait suivi du même changement dans les pays voisins».
Pour sa part, le professeur M’hend Berkouk, spécialiste des questions géostratégiques, nous fait savoir que le projet de démocratisation du Monde arabe, aux couleurs américaines, a étalé, au regard des événements ayant secoué la Tunisie et l’Egypte, ses tentacules et manoeuvres au monde entier. Les Etats-Unis ont renforcé leur unilatéralisme, en lui imprimant une orientation qu’il n’a jamais connue par le passé. «Tous ceux qui s’opposent aux stratégies américaines sont des dictateurs ou des terroristes, puis considérés, par conséquent, comme tels par tout l’Occident», a-t-il assuré, avant d’ajouter que la position américaine, suivie par les Européens, à l’égard des révoltes des peuples tunisien et égyptien, en est une parfaite illustration. A cet égard, il a souligné que l’Occident, en général, et les Etats-Unis, en particulier, ont redessiné le nouvel ordre mondial pour préserver des intérêts stratégiques avérés. Ces intérêts ont, a-t-il expliqué, pour objectif de garantir et de consolider la suprématie des Etats-Unis.
C’est dire que la nouvelle stratégie américaine (Projet de la démocratisation du Moyen-Orient en 2004 et par extension en Afrique du Nord: Grand Moyen-Orient), mise sur pied par l’administration Bush, constitue un élément décisif dans le jeu des relations internationales. Selon lui, les Etats-Unis avaient déjà conçu leur vision du monde à partir de 1992 sur la nature du monde à l’horizon 2030. Toutes les lectures actuelles des événements au Moyen-Orient et par extension en Afrique du Nord, confortent les propositions du premier document stratégique américain post-Guerre froide.
Kamel LAKHDAR-CHAOUCHE
L'Expression