Djouhra la Perle, vivait seule dans un petit village où elle n’avait pour toute compagnie, qu’une colombe. De la perle, comme son nom l’indique, elle en avait la blancheur, la grâce, la beauté et la simplicité. Sa maison, entourée d’un jardin, était retirée du village, à la lisière de la forêt, traversée par une rivière. Djouhra possédait le don de connaître toutes les vertus des plantes et des fleurs, et comprenait parfaitement le langage des animaux.
Sa colombe pouvait ainsi lui raconter tout ce qui se passait aux alentours. Djouhra allait rarement au village, sauf pour soigner les villageois quand ils avaient besoin d’elle. Mais, de l’autre côté de la rivière, tout au fond des bois, vivait un être infâme qui avait juré sa perte. Il la détestait parce qu’elle était belle comme le jour et lui aussi laid qu’une couvée de singes. Elle avait de l’esprit et respirait la franchise, alors qu’il était un demeuré, capable uniquement de lâcheté et de trahison.
Un matin, alors qu’elle cueillait des fleurs, elle vit sa colombe venir à tire d’ailes pour se poser sur son épaule.
- Qu’y a-t-il mamie ?
- Je viens d’apprendre une chose abominable. L’affreux bonhomme a l’intention de t’attaquer cette nuit.La colombe n’avait pas fini de parler que Djouhra vit un loup sortir de la forêt et s’arrêter à la lisière. S’ensuivit un tas d’autres animaux. Tous accoururent pour prévenir du danger leur amie Djouhra. La nuit venue, tout ce que comptait la forêt en faune était là. Prêts à en découdre avec ce vil personnage et ses acolytes.Djouhra, vêtue d’une belle robe blanche, sa colombe sur l’épaule, se tenait entourée de ses amis les bêtes.
- Plusieurs fois, dit-elle aux misérables, vous avez voulu attenter à ma vie !
- Il n’est pas dans mes intentions de vous tuer ! Je ne veux pas avoir votre sang sur mes mains, ni votre mort sur ma conscience. Mais, vous allez quitter le pays sur-le-champ.
- Vous allez sortir du village, accompagnés par tous mes amis ici présents. Et dites-vous bien que, quoi que vous fassiez et où que vous alliez, je le saurais. Le moindre petit oiseau qui volera au-dessus de vous et le moindre petit animal que vous rencontrerez, m’en informera, aussitôt.
Ainsi, débarrassée à jamais de la méchanceté de son voisin, Djouhra continue à couler des jours heureux en compagnie de sa colombe.
NADIA AREZKI