tikka V.I.P.
Nombre de messages : 6080 Age : 63 Localisation : Setif Emploi/loisirs : Gestion/nature Humeur : Idhourar i dh'al3amriw... Date d'inscription : 08/07/2008
| Sujet: NNIG USENNAN .Décrire le temps perdu... Lun 23 Avr - 16:25 | |
| Dans Nnig Usennan, un roman en tamazight paru il y a deux ans aux éditions L'Odyssée de Tizi Ouzou, Boualem Rabia peint les douleurs et les déconvenues de Yidir, jeune étudiant à Alger. Ce dernier est si blasé qu'il finit par fuir la capitale. Il revient se ressourcer dans sa montagne natale. Dans cette dernière, lui semble-t-il, le monde n'est pas encore défiguré par l'insignifiance de la vie citadine, la cupidité d'aujourd'hui qui bouscule toutes les valeurs ancestrales, malmène la quintessence même d'un environnement culturel naguère encore omniprésent autour de lui. Très vite, Yidir déchante. Le constat est amer: cette culture disparaît progressivement avec ses derniers dépositaires. «Révolte! Car l'homme de principes est devenu une sorte d'énergumène anachronique avec son époque dominée par l'appât du gain facile, par la gérance des trop-vite-arrivés, dont Wecci est la figure de proue...», nous confie l'auteur du roman. Le flambeau de l'identité culturelle peine à rester allumé: les jeunes n'écoutent, ni n'apprennent plus auprès des anciens; l'esprit matérialiste a supplanté les trésors de la sagesse ancestrale jetée aux orties, l'individualisme a supplanté l'identité de la tribu. Identité que Ba Zemni s'évertue à préserver, à ne point trépasser, tant que ses disciples (Sedda,Mayas...) n'auront pas repris ce flambeau menacé par les ténèbres définitives... «La Tribu est donc démoralisée, dévitalisée. C'est ainsi que la voit Yidir, qui fuit son monde et devient noctambule... pour écrire entre rêve et réalité... Entre rêve et réalité d'une société qui "mute" négativement, en faisant fi des repères identitaires, des mythes ancestraux (au sens sociologique du terme)», ajoute Boualem Rabia. Ce premier roman d'un auteur qui n'en est pas à son premier livre qui, hormis l'histoire, «se soucie de sauvegarder au moins une infime partie d'un trésor inestimable de vocables et d'expressions kabyles menacés par un oubli définitif». Le même dessein pour le recueil de poèmes kabyles anciens: Le Viatique du Barde, idem pour l'émission radiophonique: «Tala Ggizlan». Mais cette passion n'est-elle pas vaine? Aura-t-elle un jour son écho parmi la jeunesse? Cette jeunesse tiraillée entre l'Orient et l'Occident. Nous en faudrait-il pour notre impuissance et notre rage face à ceux qui ne voient en notre indignation que folie? Ce sont là, toutes les questions que se pose l'écrivain Boualem Rabia qui oublie sans doute souvent que le plus important, ce sont ses oeuvres car si les temps changent, les écrits restent. Par Aomar MOHELLEBI | |
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