Saïd Chemakh a eu un parcours particulier avant de finir par focaliser toute son énergie sur deux objectifs. Le premier, l’écriture et le second, c’est la contribution, à sa manière, au développement de la langue berbère en intégrant le département de tamazight de l’université de Tizi Ouzou. Après des études de langue berbère à l’Inalco de Paris, lui ayant permis d’obtenir un doctorat en la matière, Saïd Chemakh revient en Algérie pour enseigner la linguistique berbère au département des langue et culture amazighes de Tizi Ouzou. Pour Saïd Chemakh, écrire en langue amazighe est une priorité dès lors que rien ne peut se faire sans l’écriture. Il annonce qu’il est en train d’apporter les dernières retouches à une traduction de la pièce de théâtre l’Amour de loin de l’écrivain libanais Amin Maâlouf. Saïd Chemakh est persuadé que la traduction des autres langues vers le berbère est une démarche indispensable pour la promotion de sa langue. Mais ce n’est pas suffisant puisqu’il faut aussi produire directement en berbère. Deux autres de ses ouvrages seront édités prochainement en France. Il s’agit, indique-t-il, d’un deuxième recueil de nouvelles, «Kahinat n wassa» et d’un roman «Tayri d tudert».
Les deux livres sont bien évidemment écrits en tamazight. Pourquoi cette prédilection pour la nouvelle? Saïd Chemakh répond qu’au départ, «c’était dans le souci de se faire publier par les revues. Il est plus facile de publier une nouvelle dans les revues spécialisées qu’un roman. C’est pour cela que je me suis consacré à l’écriture de nouvelles avant que l’opportunité de faire paraître un roman ne me soit offerte par un éditeur en France». Saïd Chemakh a également collecté et transcrit des contes populaires anciens. Des textes qui attendent un éditeur généreux. Sa passion pour la traduction a fait qu’il s’est beaucoup intéressé au travail mené par Mohia auquel il a consacré de nombreux articles dont certains sont parus sur le site Internet de tamazgha. D’autres travaux intellectuels de Saïd Chemakh sont disponibles sur ce site dont il est membre du comité de rédaction. Il participe au lancement de «Tamazight tura», une revue entièrement rédigée en tamazight et publiée régulièrement par le Haut commissariat à l’amazighité.
Le numéro un de cette revue est sorti au début de ce mois à l’occasion de Yennayer, indique Saïd Chemakh qui vient d’ajouter à ses activités culturelles sa participation au lancement d’une nouvelle maison d’édition à Tizi Ouzou, spécialisée dans le livre berbère, les éditions Tasekla (littérature).
Aomar MOHELLEBI