Communication, un terme passe-partout, usité pour tout, partout et par tous. C’est peut-être le plus commun des mots de notre époque, à tel point que, par abus de langage, on dit même de deux murs mitoyens, qu’ils communiquent ! Ou de vases communicants, quand ils versent l’un dans l’autre. Même les objets communiquent selon leur matière. Ils communiquent en fonction de leur substance, leur corps, voire leur chaleur, qu’elle soit atmosphérique, ambiante ou plastique (céleste).
à titre d’exemple, dans le cas d’un éclairage ou d’un habillage mural, on est pile dans la communication non verbale. Ainsi l’ambiance créée exprime implicitement le choix communicationnel… le fait d’envoyer et de recevoir des messages sans parler, de s’exprimer avec des mimiques du visage, des postures, des gestes, des bruits divers, revêt le même caractère. De même que la tenue vestimentaire, la coiffure, la position du corps, le maquillage, sont des éléments de communication non verbaux, comparables aux signaux de fumée qu’envoyaient les aïeux de l’oncle Sam !
La communication repose sur un préconçu fortement installé qu’est l’émetteur. Il dispose d’un paquet d’informations (le message) et le transporte vers un récepteur. Reste à considérer que le colis envoyé renferme toute la marchandise, c’est-à-dire que le sens est lui aussi transporté. La vie de tous les jours nous montre grassement à quel point cela est faux. Si le destinataire dispose de la langue utilisée par l’émetteur, il recevra, après décodage, une philologie (syntaxe) et une série de significations. Et ce n’est qu’à ce moment seulement qu’on peut parler de communication !
Différenciation et ambiguïté
Pendant longtemps, on a cru que la compréhension de l’autre était le seul critère de la communication. Mais c’était encore renouer avec le mythe de la réception pure. Si je suis un être singulier et que l’autre aussi est un être singulier, il nous est néanmoins possible de nous faire signe, pour que d’une rive à l’autre, chaque signe puisse être transformé en instantané de sens.
Reste à savoir dans quelle mesure chacun souhaite ou non le rapprochement ou la proximité dans cette distance. La communication est une invention du XXe siècle. Son acte de naissance porte, chronologiquement, la marque d’une première parenté, celle de Norbert Wiener, mathématicien, fondateur de la cybernétique. C’est à une véritable effervescence intellectuelle que l’on assiste autour de lui à partir des années 1940. En fait, le mot “communication” implique trois notions très différentes les unes des autres et ambiguës : l'information, la communication et la relation.
- L'information est une chose qu'on déplace, qu'on stocke, qu'on classe, qu'on envoie.... Évidemment l'information n'est qu'un objet et non un individu. Il est exagéré d'appeler “communication” le moyen ou technologie qui s'occupe de la circulation des informations.
- La communication (état de liberté et d'ouverture d'esprit) : c'est quand l'individu compte plus que l'information. Nous y trouvons du respect et de la considération envers ceux qui émettent et reçoivent les “objets/messages”.
- La relation (état de relativité et de
lien, sans ouverture d'esprit) : La
relation, c'est quand l'information (objet) compte plus que l'individu (sujet). C'est quand on tente de convaincre l'autre (même pour son bien). C'est le domaine de l'idéologie... mais aussi celui de ces repas de famille où tout le monde parle sans écouter personne. Ce sont aussi les réunions professionnelles où personne n'est vraiment pris en considération.
Intérêt et attention
Il est impératif de bien décoder la disjonction entre la relation et la communication, tout comme nous devons parfaitement distinguer l'intérêt de l'attention.
(La relation est basée sur l'intérêt). L'intérêt se porte sur les choses.
On s'intéresse à quelque chose. (La communication est basée sur l'attention). L'attention se porte aux individus. On donne de l'attention à quelqu'un. “Malheureusement, souvent on ne la donne même pas... on la prête”. Et comme pour les banques, c’est à se demander si on ne prête pas avec intérêt... et seulement aux riches. En effet, des gens qui s'insultent, échangent bien de l'information... mais ils ne communiquent pas. Ils échangent sur le mode relationnel. Mais pour comprendre cela, il faut faire la distinction entre la relation et la communication et remarquer que, dans la relation, l’information est imposée par l’émetteur et subie par le récepteur... alors que dans la communication, l'information est proposée par l'émetteur et accueillie par le récepteur. Il y a échange ! Dans la relation, l'information passe mal. Elle est très sujette à la déformation. Pour qu'un échange soit efficace, pour que l'information passe, il faut que celle-ci soit proposée et accueillie. Plus l'information est importante, plus il faut respecter cette règle afin qu'elle ne soit ni déformée ni perdue. C'est tout l’art de la communication.
La communication verbale et non verbale
- Le verbal : Ce sont les mots et leur sens. Autrement dit, la Hyperlink “Sémantique” sémantique. Elle ne représente que 10% environ dans la transmission du sens du message.
- Le non verbal : Les 90% restants sont assurés par le non verbal représenté pour une bonne moitié par les gestes et les mimiques et pour le reste par l'intonation de la voix. La façon de parler modifie considérablement le sens des mots.
Par exemple quand quelqu'un nous fait une remarque, le simple mot “merci” que nous lui retournons peut, selon le ton, être un signe de gratitude (quand la remarque était agréable)... ou un air de dire “toi tu perds rien pour attendre !” (Quand la remarque était très déplaisante). Le même mot revêt culturellement plusieurs sens selon le non verbal qui l'accompagne.
Quand le verbal et le non verbal sont en correspondance, l'échange d'informations est beaucoup plus performant. On parle alors de congruence. C'est le cas dans la communication.
Quand le verbal et le non verbal divergent, l'information subit beaucoup de distorsions. Elle est mal transmise. C'est le cas de la relation.
Le premier savant qui a étudié le langage non verbal ou le langage corporel, c’est Darwin. Depuis, de nombreux autres anthropologues et ethnologues ont découvert que ce langage comprend des expressions innées. (Les travaux de Darwin portent sur l’utilisation d’outils complexes ou le langage réversible, où l’on peut changer les messages selon la conscience des faits).
Le non verbal, un clin d’œil fait à notre voisin de table, ou un geste grossier au chauffeur de la voiture d’à côté sont des gestes appris. Le raclement de gorge, le fait de rougir sont des gestes involontaires, innés ; et puis il y a des signaux mixtes, comme rire ou pleurer ou hausser les épaules, qui peuvent être spontanés ou déclenchés à volonté. Les messages non verbaux sont émis et perçus par des centres nerveux très archaïques, hérités de nos ancêtres reptiliens. Ce qui explique que nous communiquions de manière non verbale en toute inconscience, et que certains gestes soient, sinon universels, du moins très répandus, car implantés dans le système nerveux de tous les humains. De tout temps, pour dire “Oui” on hoche la tête d’arrière en avant. Tandis que le hochement de tête approbatif, qu’on fait pendant que quelqu’un parle, se fait d’avant en arrière. Il y a aussi le geste de pencher la tête sur le côté : chez le jeune enfant, c’est plutôt un signe de timidité ; chez l’adulte, homme ou femme, c’est un signe de séduction ; et il semble que les femmes inclinent la tête sur le côté beaucoup plus que les hommes... La position que l’on adopte assis est elle aussi significative.
Les hommes manifestent leur inconfort ou leur nervosité en changeant de position sans arrêt sur leur chaise, tandis que les femmes pour manifester la même chose, restent assises sans bouger.
Aussi, pour mieux illustrer la communication par les sens, quoi de plus significatif que ce joli proverbe… à méditer : (Hyperlink Tu es aveugle. Je suis sourd-muet. — Que ta main touche la mienne et que la communication soit). in liberté