Thamurth Ith Yaala
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 L’Etat algérien et la question berbère .

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tikka
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MessageSujet: L’Etat algérien et la question berbère .   L’Etat algérien et la question berbère . Icon_minitimeJeu 26 Mar - 11:41

L’Etat algérien, naguère décrié comme adversaire de la langue berbère s’est révélé comme son meilleur défenseur et son promoteur réel, car il est le seul, aujourd’hui au Maghreb, à donner à cette langue ancestrale, les instruments réels de son développement.

L’Algérie peut s’enorgueillir d’être, aujourd’hui, à l’avant-garde de la reconnaissance et de la réhabilitation de tamazight

Et Bouteflika, l’artisan de cette avancée fantastique, celui qui a su ramener la paix en Algérie, après plus d’une décennie de terrorisme, est aussi celui qui a réconcilié les Algériens avec eux-mêmes.

La stigmatisation du berbère, une œuvre coloniale

Il y a encore quelques décennies, tamazight était un sujet tabou. Même après les événements du printemps berbère, même avec la timide ouverture des autorités de l’époque, on ne pouvait faire des études de berbère ni s’inscrire à des thèses et si on s’entêtait quand même à faire des études sur le berbère, il fallait s’inscrire dans les universités étrangères. Et dans ces dizaines d’institutions étrangères, on pouvait étudier le berbère, alors que la langue et la culture berbères étaient proscrites dans leur propre pays !

Ces comportements négatifs à l’égard de la langue berbère s’expliquent, en fait, par des raisons historiques. C’est la colonisation française qui, pour justifier sa présence en Algérie et au Maghreb, a créé des mythes, dont celui du particularisme berbère. En 1826, donc quelques années avant la conquête d’Alger, paraissait à titre posthume, l’Histoire philosophique de l’Afrique septentrionale de l’abbé Raynal où on trouve formulée les principaux traits du particularisme berbère : une langue originale, une organisation sociale propre, un goût prononcé pour la liberté et surtout une “tiédeur’’ religieuse qui contraste avec le “fanatisme’’ des Arabes. Quant à leurs origines, les Berbères descendent, à cause de leurs yeux bleus et leurs cheveux blonds, des Vandales, donc des Européens ! Mais cette image du Berbère proche de l’Européen ne s’imposera que plus tard. Aux premier temps de la conquête, où les Français ont été opposés à une forte résistance des groupes berbérophones, notamment au Djurdjura et dans les Aurès, c’est plutôt l’image du barbare qui vient à l’esprit. On leur préfère même les “Maures’’ ou arabophones d’Alger, plus civilisés et plus pacifiques. Mais très vite, les Français découvrent le particularisme berbère et les avantages qu’ils peuvent en tirer pour asseoir leur domination.

En 1844, sur ordre du ministère de la guerre, un dictionnaire français-berbère, est publié. Il devait être suivi d’autres études linguistiques, sociologiques, historiques sur cette “race’’ qu’on cherchait à se concilier, en dépit de sa farouche opposition à la conquête. Il serait trop long, dans le cadre de cet article, de citer tous les écrits consacrés à la question. Signalons seulement que le mot berbère, arraché à la barbarie, devient l’un des mots clés de la colonisation, d’abord en Algérie, puis au Maroc où le protectorat est institué en 1911.

Comme tous les mythes de l’époque moderne, le mythe berbère est l’expression de choix idéologiques qui, derrière des théories pseudo-scientifiques (les origines ethniques des Berbères, l’apparentement de leur langue, la supériorité des Berbères sur les Arabes), masquent les intérêts de la communauté dominante.

Le mythe devait aussi inspirer une politique que les historiens désignent souvent sous le nom de ‘’politique berbère de la France’’. En Algérie, des initiatives ont été prises en Kabylie, notamment dans le domaine juridique où on a essayé de donner de l’importance aux assemblées de village, on a construit des écoles et on a créé des sections kabyles dans les délégations financières. Au Maroc, des actions ont été également entreprises pour favoriser les Berbères jugés plus proches des Européens que les Arabes. On a même voulu aller plus loin qu’en Algérie, en tentant d’arracher le Berbère à l’emprise de la religion musulmane et de la langue arabe. C’est ainsi qu’en 1930, les autorités françaises promulguent le fameux Dahir berbère, décret préconisant l’application aux Berbères des lois coutumières, en place et lieu des lois musulmanes. C’était une façon de donner une base ethnique à la distinction arabe-berbère. Les initiatives prétendument favorables aux Berbères ne font pas oublier que les Français n’ont cessé de réprimer les velléités d’indépendances des berbérophones, aussi bien dans le Djurdjura, les Aurès qu’au Rif marocain. Les mesures prises par les Français vont déclencher l’hostilité des milieux nationalistes aussi bien algériens que marocains.

Le courant nationaliste algérien ne va pas cesser, à partir des années 1920 à entretenir l’amalgame entre la langue berbère et le colonialisme. Une crise éclate en 1949 au sein du P.P.A / M.T.L.D (Parti du peuple algérien / Mouvement pour le Triomphe des Libertés démocratiques). Des militants d’origine kabyle demandent la prise en compte de la dimension berbère dans la définition de la personnalité algérienne. Un rapport, établi par les dirigeants de la Fédération de France du parti va jusqu’à exiger, l’égalité entre les langues arabe et berbère et le renoncement à une Algérie arabo-musulmane au profit d’une Algérie algérienne. La riposte des chefs nationalistes est immédiate : la Fédération de France est dissoute, les éléments radicaux expulsés et on dénonce le complot berbériste, fomenté par les autorités coloniales. Les mots berbériste et berbérisme, forgés à l’occasion, pour stigmatiser les positions des partisans de la langue et de la culture berbère, vont connaître une grande fortune. On va les employer systématiquement à propos de toute personne, de toute action qui revendique des origines berbères ou cherche à mettre en valeur la langue ou la culture berbère .Le conflit va se prolonger durant la guerre de libération, mais la nécessité de l’union va pousser les dirigeants à atténuer leurs divergences et il y a une sorte de consensus à mettre entre parenthèses les problèmes Algériens jusqu’à l’indépendance.

La persistance de la stigmatisation et la revendication populair

Si l’indépendance a libéré l’Algérie de la domination coloniale, elle n’a pas mis fin aux effets néfastes de ses mythes. Le mythe berbère a continué à hanter les pensées des autorités et la dimension berbère de l’Algérie et de la langue berbère ont été niées.

Quand en 1962, Ahmed Benbella, le premier président de la République algérienne lance sa fameuse formule «Nous sommes Arabes, nous sommes Arabes, nous sommes Arabes», il s’adresse non seulement au monde arabe dans lequel il veut ancrer l’Algérie indépendante mais aussi aux Algériens qui ont exprimé le désir de procéder à la construction d’une identité algérienne qui tienne compte de toutes les réalités culturelles et linguistiques du pays.

Mais ces choix, qui découlent de telles positions et qu’on veut expliquer par des positions anti-colonialistes, ne règlent pas les problèmes linguistiques de l’Algérie indépendante : la politique d’arabisation capote et l’arabe classique ne parvient pas, en dépit de tous les moyens matériels mis en œuvre, à prendre la place du français, encore moins à remplacer le dialectal dans les échanges quotidiens. Quant à la revendication berbère, elle est loin d’être réduite : en dépit de la répression, la production culturelle –ouvrages, chansons, travaux universitaires- prend de l’extension, participant à la prise de conscience de couches de plus en plus larges de berbérophones, principalement en Kabylie.

Les événements du printemps berbère –tafsut imazighen- radicalisent la revendication berbère : on demande la reconnaissance de la langue berbère et son enseignement.

Tout en usant de répression, les autorités assouplissent leurs positions. Le tabou frappant le mot berbère est levé : le 15 avril 1980, en pleine émeute en Kabylie, le quotidien El Moudjahid l’emploie sans l’associer au colonialisme français. Le berbère fait désormais partie du patrimoine populaire, ensemble vague qui réunit la culture traditionnelle algérienne ainsi que les langues autochtones, l’arabe dialectal et le berbère. Le nouvel emploi du mot berbère entraîne, du point de vue terminologique, une certaine évolution : le berbère n’est plus une langue étrangère et la culture qu’il véhicule est reconnue comme d’origine algérienne. L’ouverture démocratique de 1988 va susciter des associations, à caractère culturel ou politique, qui vont inscrire la revendication berbère dans leurs programmes.

Les autorités de l’époque vont répondre favorablement, en accordant deux départements de langue et culture berbères, au sein des universités de Tizi Ouzou (1990) et de Béjaïa (1991), d’abord pour former des magistères et, depuis 1997, des licences. Après la grève du cartable de 1995, un haut comité à l’amazighité est créé et l’enseignement du berbère est lancé dans plusieurs wilayates. Les événements dramatiques du printemps 2001, assombrissent la Kabyle, mais ils relancent également le débat sur la place du berbère en Algérie et les moyens de le promouvoir.

Un statut de langue nationale et une télévision

Personne ne peut nier que c’est sous le règne de Bouteflika, que certains ont voulu poser comme un adversaire de la berbérité, que la langue berbère a réalisé le plus de progrès.

C’est sous ses deux mandats que tamazight a conquis ce que deux mille ans d’histoire ne lui ont pas donné : un statut de langue nationale et une télévision d’expression entièrement amazighe.

Il y a aussi, ainsi qu’il a été annoncé officiellement, le projet d’un conseil supérieur de la langue nationale amazighe et d’une académie... A ce là, s’ajoute le projet d’un statut d’instituts aux départements de berbère des universités de Tizi Ouzou et de Béjaïa, jusqu’ici rattachés aux facultés de lettres. Ce n’est pas encore le statut de langue officielle, revendiqué par les militants berbéristes, mais l’introduction à l’école et à la télévision, ainsi qu’une académie, c’est déjà un début d’officialisation, si ce n’est pas, dans les faits, l’officialisation, parce que déjà, l’école et la télévision sont des appareils d’Etat..

On n’oubliera pas non plus, les efforts effectués par le Haut Commissariat à l’Amazighité qui anime des colloques, des séminaires pour la formation des enseignants et qui a, à son actif, de nombreuses publications en tamazight et sur tamazight. Des ouvrages que les éditeurs, sous prétexte de rentabilité, refusent d’éditer !

L’Etat algérien, naguère décrié comme adversaire de la langue berbère s’est révélé comme son meilleur défenseur et son promoteur réel, car il est le seul, aujourd’hui au Maghreb, à donner à cette langue ancestrale les instruments réels de son développement. Il est le seul, non seulement au Maghreb mais dans le monde arabe, à reconnaître le pluralisme linguistique et culturel et à l’inscrire dans sa constitution. L’action marocaine, dans ce domaine, que certains montent aux nues, se réduit à une structure de type académique et à un enseignement pilote. Il n’y a aucun département de berbère dans les universités et la production littéraire est assez réduite. L’Algérie peut s’enorgueillir d’être, aujourd’hui, à l’avant-garde de la reconnaissance et de la réhabilitation de tamazight ! Et Bouteflika, qui a su ramener la paix, est aussi celui qui réconcilie les Algériens avec eux-mêmes !


Un projet d’académie

Si le projet d’un Haut conseil est avant un organisme politique, destiné à statuer sur la place de la langue berbère, des fonctions à lui assigner dans la société et des choix sociolinguistiques à faire, dans le cadre de la politique globale de l’Etat, une académie est avant tout un organisme scientifique, chargé de l’étude, de la rénovation et du développement de la langue. C’est également l’académie qui est chargée de l’aménagement linguistique de la langue, en fixant des normes, au plan de l’écriture et de la grammaire, en enregistrant les lexiques disponibles, en entérinant l’usage des néologismes, en rédigeant des grammaires et des dictionnaires. Quand on parle de normes, on ne pense pas, bien sûr à un système de règles répressives, mais à la fixation de structures communes, pour stabiliser la morphologie, la syntaxe et le lexique, aujourd’hui dispersés, même à l’intérieur des dialectes.

Quand on sait qu’il n’existe pratiquement pas de grammaires générales ou scolaires et que la lexicographie –la confection de dictionnaires- accuse un énorme retard dans le domaine berbère, les œuvres remontant, pour la plupart à la période coloniale, on devine l’immensité de la tâche !

Une tâche qui doit être impérativement confiée à des spécialistes, linguistes, et surtout linguistes berbérisants. Ils auront à répondre à la demande linguistique appelée à s’accroître avec l’extension des aires d’emploi de tamazight : déjà, l’école est demandeur d’ouvrages, la radio et la télévision réclament des glossaires spécialisés, et l’enseignement universitaire, recourra, avec la berbérisation progressive des enseignements dans les départements amazighes, de terminologie de plus en plus sophistiquée.

En plus de l’Education nationale et de l’enseignement supérieur, l’enseignement professionnel est aussi demandeur de lexiques et de langues de spécialités.

Certes, il y a des problèmes épineux à régler, tel celui de l’écriture. Nous pensons qu’il est inutile de rallumer la guerre de l’écriture, et d’affronter des positions inconciliables : une solution intermédiaire, qui ne lèse aucune partie, pourrait être trouvée. Elle aurait plus de chance d’être approuvée par la communauté nationale quand ce sera des scientifiques, qui ont fait des recherches et publié dans le domaine du berbère, qui la proposeront, en dehors des positions idéologiques des uns et des autres !

Il n’y a pas de problème qui ne peut être résolu, il n’y a pas de querelle qui ne peut être apaisée, quand c’est la science, et non la volonté partisane, qui, en dehors de toute querelle idéologique, propose des solutions. .

Une Académie, rappelons-le est une instance de recherche, c’est aussi un instrument de consolidation de l’unité nationale, puisqu’elle accordera à la langue amazighe la place qui est la sienne dans l’espace algérien et assurera sa promotion, aux côtés des autres composantes de l’identité nationale, l’arabe et l’Islam.

Il est bon qu’elle collabore avec le Haut conseil à la langue arabe, chargé, lui, de la promotion, de l’autre langue nationale des Algériens. Les universitaires algériens ont pris l’habitude, quand il s’agit d’aménagement linguistique de faire toujours référence aux expériences occidentales (Canada, Norvège...) alors que le monde arabe dispose dans le domaine, de près d’un demi siècle de recherches et de publications dont on ne peut que tirer profit. Il faut, sans sectarisme aucun, recourir à toutes les expériences, faire appel à toutes les compétences.

L’Etat algérien a su, grâce à la clairvoyance d’un dirigeant comme Bouteflika, se libérer des mythes du colonialisme, en libérant la parole des Algériens, en brisant le monolithisme linguistique et en donnant au berbère tous les moyens, institutionnels et financiers, pour assurer son développement.

M.A Haddadou

Docteur d’Etat en linguistique berbère,

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MessageSujet: Re: L’Etat algérien et la question berbère .   L’Etat algérien et la question berbère . Icon_minitimeJeu 26 Mar - 13:40

Dr Haddadou dit de belles phrases ..
je ne sais pas si les berbers de Berby ( a Taghit ) pensent la meme chose ..
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