"Beni Yala, 2 août."
"Les derniers rebelles du versant sud du Djurdjura étaient confinés dans la montagne et la tranquillité était si bien revenue dans la région que le colonel Goursaud put décider, à la date du 26 juillet, la réouverture du marché des Arib et du marché de Bouïra, qui étaient fermés depuis le mois de mars.
Comme il importait d'en finir le plus tôt possible avec les Beni-Yala, le 31 juillet, le colonel Goursaud se transporta avec sa colonne à Tir'eremt sur l'acif-el-Gentour (la carte porte Tiharamt), où on commence à entrer dans la partie fortement escarpée des Beni-Yala. L'avant-garde fut accueillie par les rebelles à coups de fusil, mais quelques feux de peloton suffirent pour les disperser.
Le 2 août, le commandant de La Roque dirigea une reconnaissance dans la montagne et trouva les révoltés au col de Tamziant, où ils avaient élevé des retranchements en pierres sèches. L'artillerie bouleversa ces ouvrages qui furent ensuite abordés de front par les éclaireurs, pendant que les tirailleurs, gagnant la crête, se portaient sur le flanc de la ligne de défense, forçant les Kabyles qui l'occupaient à l'abandonner. L'ennemi eut une vingtaine d'hommes hors de combat; de notre côté, il y avait eu un tirailleur tué et quatre blessés. Au retour, les Kabyles s'attachèrent à la poursuite de la colonne et il fallut leur envoyer quelques obus pour les tenir à distance.
Le 4 août, une nouvelle reconnaissance fut conduite par le commandant Moulin jusqu'aux crêtes boisées de Sameur, où les rebelles s'étaient réfugiés et retranchés. Ceux-ci furent délogés après un engagement assez sérieux, où ils eurent vingt tués, tandis que, de notre côté, il n'y avait eu qu'un seul blessé.
Cette leçon ne fut pas encore suffisante pour vaincre l'obstination des Beni-Yala et le colonel Goursaud dut aller les combattre sur le terrain même où avait été les relancer le colonel Canrobert en juillet 1849. Le 6 août, la colonne porta son camp à Sameur près de la source d'Aïn-Isly, dont les Beni-Yala avaient besoin pour abreuver, dans cette saison, leurs nombreux troupeaux. Les dissidents, démoralisés et se voyant près d'être forcés dans leurs derniers repaires, commencèrent des démarches de soumission et ils avaient déjà livré des otages et une partie de leurs armes, lorsque, poussés par quelques fanatiques irréconciliables et par les contingents des Beni-Irguen et d'autres tribus du versant nord du Djurdjura, ils refusèrent d'exécuter les conditions qui leur avaient été imposées.
Les rebelles occupaient les rochers escarpés et boisés de Taouïalt, contrefort du Djurdjura qui s'élève à une altitude de 1753 mètres; c'est là qu'il fallut aller les chercher. Cette opération eut lieu le 10 août ; nos troupes n'eurent pas à vaincre d'autres difficultés que celles du terrain. Les Beni-Yala se décidèrent alors à faire leur soumission complète, et, du même coup, la pacification de toutes les tribus du versant sud de Djurdjura se trouva achevée. Ces tribus remirent au colonel Goursaud 840 fusils et livrèrent 164 otages pour garantir la rentrée de la contribution de guerre.
Le colonel Goursaud crut nécessaire de donner aux Beni-Yala un chef énergique, pris en dehors de la tribu, et dégagé, par conséquent, de toutes les considérations de sof et il fit choix d'un officier des éclaireurs algériens nommé Mohamed-ben-Dagma, qui lui parut réunir les conditions nécessaires pour ce difficile commandement; le nouveau chef, qui eut le titre de caïd, s'installa au caravansérail d'EI-Esnam. Quant au vieux Bou-Dehen qui n'avait plus l'influence et l'énergie nécessaires pour se faire obéir par les Beni-Yala, on lui donna comme compensation le commandement du douar d'El-Berdi, dans les Beni-Amar, en remplacement de Sliman-ben-Chennaf."
Merci pour votre forum...et suis interresse si cet article s'agit bien de votre region...spahi.