Cette organisation active dans une trentaine de wilayas, dont notamment Alger, Oran, Constantine, Tizi-Ouzou, Batna, Mila, Ouargla, Jijel et Tlemcen.
Elle est affiliée à l’Association démocratique des Français à l’étranger (ADFE Monde). Son objectif : améliorer le cadre de vie des Français établis en Algérie en représentant leurs intérêts à l’Assemblée des Français à l’étranger (AFE), à Paris.
Dans son collimateur : les présidents Bouteflika et Sarkozy. Transitant par le consulat général de France à Alger, l’ADFE puise sa force, électeurs et élus, des cadres algériens et des binationaux. Le 7 juin 2009 était une date fatidique pour l’Association démocratique des Français à l’étranger (ADFE Monde). Douze cadres de la Nation, tous des Algériens de souche, vivant et exerçant leurs activités respectives sur le territoire algérien, sont proposés à être élus à cette instance qui s’apparente à une association à caractère politique. L’élection des conseillers à l’Assemblée des Français à l’étranger (AFE) devait également se tenir au même moment, et ce, dans une totale discrétion en proposant une liste de douze autres cadres, tous des Algériens, pour renouveler ses structures dont le mandat venait alors d’expirer (renouvellement chaque 6 ans conformément aux statuts de l’ADFE). Le but étant d’obtenir à ces français vivant à l’étranger les mêmes droits que ceux dont jouissent les Français dans l’Hexagone. Dans ces deux unions, on retrouve des médecins, des entrepreneurs, des femmes cadres devenues femmes au foyer, des juristes, des industriels, des agents consulaires, des pédagogues, des directeurs et des administrateurs, des retraités, des enseignants universitaires, des cadres du Trésor public, des experts comptables et même des retraités qui occupaient autrefois des postes sensibles au sommet de l’état algérien. Ils sont issus des quatre coins du pays, dont Hassi Messaoud (Ouargla), Oran, El Kala, Ain El Hammam, Annaba, Tizi-Ouzou, Alger, Mostaganem, Jijel, Khenchela, Tlemcen, Sétif, Collo, Béjaïa, Skikda, Constantine, Sidi Bel-Abbès, Souk-Ahras, et Biskra.
Ce que dit le courrier du Consulat général de France à Alger
Ces cadres étaient donc appelés à voter, mais aussi à participer à ce suffrage afin de pourvoir les 79 sièges des zones Amérique et Afrique. Dans un courrier adressé aux électeurs, il est clairement écrit : “Le consulat général de France à Alger figure dans la circonscription électorale d’Algérie qui comprend 4 sièges.”
Activité officielle ou clandestine, ne s’inscrivant pas dans l’agenda des échanges franco-algériens, cette élection, comme le démontre cet écrit, est supervisée par le Consulat général de France à Alger. Quatre possibilités sont alors offertes aux électeurs afin de participer au vote : par l’urne, sachant que le vote par procuration n’est pas autorisé, par correspondance au niveau de l’ambassade ou dans un poste consulaire, ou par voie électronique.
Dans ce dernier cas de figure, c’est-à-dire le vote par Internet, un numéro d’identification «NUMIC» est systématiquement envoyé aux électeurs pour en faire bon usage. à l’intérieur du courrier envoyé par les soins du consulat général à Alger, un bulletin de vote, une enveloppe de scrutin, une enveloppe d’indentification et une enveloppe blanche portant l’adresse de l’ambassade ou du consulat sont soigneusement accolés pour que l’électeur respecte la bonne démarche. Le tout détaillé de telle façon à réussir ce scrutin afin de renforcer les réseaux de contact des Français établis dans le monde, mais surtout en Algérie.
Avec pour slogan : «Français du monde, même citoyenneté, mêmes droits», cette association invite un réservoir d’électeurs du coup, à choisir six hommes et six femmes pour leur engagement, leurs compétences, leur sérieux, leur disponibilité et leur proximité «afin qu’aucun (de vous) ne se sente isolé», précise-t-on.
Le gouvernement Sarkozy et l’élection de Bouteflika critiqués
«L’engagement de notre association représentant les valeurs de la Gauche plurielle contre la politique du gouvernement actuel dirigé par Nicolas Sarkozy ainsi que le résultat des suffrages exprimés en Algérie lors des dernières élections présidentielles (avril 2009- ndlr) sont la preuve que nous partageons, avec vous, les mêmes opinions».
Cette phrase résume d’emblée l’intention de cette organisation qui annonce la couleur : contre les gouvernements des présidents Nicolas Sarkozy et Abdelaziz Bouteflika.
Au-delà du fait que cette organisation affiche son hostilité au président français, ce qui relève d’une affaire purement franco-française, on s’interroge comment de tels courriers transitent par la voie officielle, c’est-à-dire par la chancellerie française à Alger ? à moins que cette institution assiste cette organisation à tisser des réseaux forts en Algérie.
Mais, dans ce cas, cette association avait-elle besoin de se positionner par rapport à l’élection du 9 avril dernier, un tel positionnement étant une pure ingérence dans la gestion des affaires de l’Algérie ? Car cette organisation précisera que son objectif est de «permettre de vivre mieux notre situation de Français ou de binationaux établis en Algérie.» Un leitmotiv, du déjà entendu, qu’utilisent dans le monde, dit-on, les réseaux d’évangélisation qui proposent des visas et de l’argent pour renforcer les rangs des évangélistes en Algérie. Et ce ne sont guère les hameçons qui manquent à cette énigmatique association pour convaincre ses électeurs à aller voter en masse pour renouveler ses instances qui activent depuis…2003.
Les rédacteurs du prospectus iront jusqu’à qualifier leur association de «communauté établie en Algérie». Communauté parallèle et clandestine de Français qui bénéficient de soutiens tant au niveau national, dans l’Hexagone, que local, en Algérie. En effet, cette union bénéficie déjà d’un comité de soutien national constitué notamment du Parti socialiste, (PS), des Verts, du Parti socialiste européen (PSE) et du Mouvement conte le racisme et l’amitié entre les Peuples (MRAP). Ceci, en sus des personnalités françaises, dont des parlementaires, des anciens ministres, des maires, des ambassadeurs, des chevaliers de la Légion d’honneur et de juristes.
Mais aussi, cette union, qui s’apparente à un véritable parti politique en Algérie bénéficie de l’aide de personnalités algériennes, dont des cadres retraités, des médecins, des meneurs du mouvement associatif et présidents d’organisations très réputées en Algérie, des journalistes en retraite, des pharmaciens, des industriels…etc.
Une véritable toile d’araignée qui constitue un espace d’expression non seulement autonome, mais aussi quasi clandestin, et qui ne se gêne pas d’afficher son opposition à la fois à Bouteflika et à Sarkozy. En Algérie, on n’écarte pas l’idée qu’il s’agirait d’une tentative de diversion de la part des organisateurs de ce scrutin qui s’attaquent au pouvoir en Algérie en faisant valoir que même la France est dans leur collimateur.
34 structures de l’UDFA, dont 18 réseaux de veilleurs en Algérie
L’Association démocratique des Français à l’étranger (ADFE Monde), depuis sa première élection de l’Union des français en Algérie (UDFA) en 2003, a installé pas moins de 34 structures, dont 9 espaces culturels francophones associatifs (Sétif, Bejaia, Oran, Annaba et Constantine), d’une Commission locale des bourses scolaires à Annaba et de 6 sections FMD-ADFE à travers les wilayas d’Alger, Annaba, Constantine, Bejaia, Oran et Sétif.
Cette organisation, et pour mieux constituer une toile forte qui couvrirait le territoire nationale, a implanté 18 réseaux de veilleurs et d’assistants de proximité dans les mêmes wilayas et d’autres régions comme Saïda, Mascara, Tolga, Oum El-Bouaghi, Aïn Defla, Batna, Mila, Mostaganem, Guelma, El-Eulma et Blida. Vraisemblablement forte de ses soutiens financiers et logistiques, cette organisation couvre près de 30 wilayas depuis 2003 avec la bénédiction de la chancellerie française en Algérie, comme le montre les courriers envoyés par le consulat général à Alger aux électeurs, mais aussi le silence des autorités françaises qui semblent «délocaliser» la colère et le mécontentement qu’affichent l’opposition contre le gouvernement de Nicolas Sarkozy.
Doucement mais sûrement, cette association intervient, depuis 2003, dans la facilitation et dans l’aide des jeunes et des familles désirant s’implanter pour leurs projets professionnels et économiques, ainsi que pour la scolarisation de leurs enfants.
Diffusant des bulletins d’informations régionaux et nationaux sur la vie des Français établis en Algérie et dans le monde, cette association intervient également dans les échanges entre jeunes (vacances et chantiers), en plus des manifestations culturelles «dans le cadre de l’amitié franco-algérienne», comme le précise l’Association démocratique des français à l’étranger (ADFE).
Mais ce n’est pas tout ! La participation systématique aux différents Comités consulaires est mise en évidence par cette organisation qui intervient également dans les volets inhérents à l’aide sociale et à la solidarité, à la recherche d’un emploi, à l’accès à la formation professionnelle, à la scolarité des enfants et aux bourses scolaires. De quoi attirer des foules.
L’ADFE dans le sérail français
Cette organisation fait également valoir son poids en France, notamment dans le sérail politique de l’Hexagone. En effet, l’Association démocratique des Français à l’étranger (ADFE Monde) organise, annuellement à Paris, des sessions plénières de l’AFE (Assemblée des Français à l’étranger).
Durant ces sessions, les représentants élus débattent les problèmes de ladite communauté en Algérie, surtout les «double nationaux» avant de les exposer à leurs collègues, aux différentes personnalités politiques qui rôdent dans le sérail et les parlementaires, dont les sénateurs qui pèsent de leur poids pour apporter des solutions immédiates aux problèmes énoncés.
Cette organisation parle de «caractère exceptionnel» des Français établis en Algérie et de la défense des droits de cette communauté. Cette situation vient se greffer aux relations algéro-françaises qui connaissent souvent des périodes de tensions notamment sur la question du pardon de la France sur les crimes coloniaux commis en Algérie et au Traité d’amitié avorté, la mise au goût du jour par l’Elysée de l’assassinat des moines de Tibhirine et la levée du secret Défense par la justice française, ainsi que la valse des reports d’une visite maintes fois annoncée du président Bouteflika en France.
Mais aussi des projets économiques français qui n’ont pas pu se réaliser en Algérie et d’autres détournés vers les pays voisins.
La fin justifie les moyens, cette organisation compte, à la lumière de ce qui précède, renforcer davantage sa présence en Algérie, foulant, du coup, la réglementation concernant l’activité politique sur le territoire algérien
liberte algerie