A chaque nom differentes versions sont données pour expliquer l origine des noms des villages et parce qu on a très peu d informations valables on tissent parfois des petites histoires autour de chaque nom ,
comme celle la :
"Kordjana " un petit village qu on traverse en se rendant à Hammam Guegour , on raconte que deux voleurs avaient volé un bouc , l un deux s etant crié " kor (tire) rahou djana " pour désigner un homme qui les avait poursuivis ,
L article suivant donne une tout autre version :
http://www.lecap-dz.info/index.php?id_rubrique=188&id_article=2369
Kordjana
La halte du saint
Par Larbi KAID
Fourbu, entouré des siens et de tous ceux qui l’ont suivi dans son long périple, Sidi Mohamed Ben Zouaoui s’arrête, jette un regard sur un paysage au premier abord inhospitalier, puis s’assied au pied d’un imposant chêne vert. Une eau pure et limpide s’écoule d’une source, comme une invite au repos, à une halte après tant d’efforts. «Kor el-Djenna», lance-t-il, avant de faire ses ablutions à l’eau d’une source toute proche et de prier, suivi par ses disciples, enfin rassurés.
Mais leur tranquillité est de courte durée. Soudain, deux groupes d’hommes sont apparus et se sont mis à s’affronter avec une rare violence à coups de pierres, de gourdins et d’épées de fortune. Sidi Mohamed bondit et se met entre les deux groupes, levant les bras au ciel et psalmodiant des versets du Coran. Les deux groupes antagonistes cessent le combat et écoutent, comme médusés, les paroles de cet homme qu’ils ne connaissent pas mais qui possède en lui une sagesse et une force qui leur imposent immédiatement le respect.
Sidi Mohamed Ben Zouaoui parle à ces hommes en termes simples du Coran dont ils n’ont entendu parler que vaguement, du Prophète de l’Islam et de son message. Il réussit à instaurer la paix entre des hommes qui ont vécu pendant des dizaines d’années en conflits perpétuels. Sidi Mohamed Ben Zouaoui était accompagné d’un autre homme aussi pieux et aussi érudit que lui, Sidi Mohamed ben Ahmed ben Saâdi.
«Les deux groupes rivaux, les Ouled Rezzoug et les Mégarbas, ont vécu en paix jusqu’à nos jours et leurs descendants sont toujours là. Le petit hameau de Kordjana, situé entre les terres des deux tribus rivales, comme un gage de cette paix retrouvée est toujours là aussi. Il a changé, a grandi, mais la baraka du saint homme, Sidi Mohamed Ben Zouaoui, veille toujours sur lui. Petit à petit les habitants ont prononcé Kordjana, nom qui dérive de l’expression Kor el-Djenna lancée par le saint à son arrivée en ces lieux», explique Si Lakhdar, âgé de plus de 90 ans. Sidi Mohamed qui était un fin lettré avait employé le mot «kor» signifiant nature paisible ou sereine, en langue soutenue, tout en le qualifiant de paradisiaque pour décrire ce lieu où il avait retrouvé le repos et la paix. Les descendants du saint et ses disciples ont gardé la petite mosquée qu’il avait construite et où il avait enseigné le Coran pendant de longues années.
La mosquée où il est enterré, porte son nom et demeure un lieu de pèlerinage et de recueillement pour les habitants du hameau. Une autre mosquée, plus grande, a été construite près de la sienne, restaurée et bichonnée par les fidèles. La nouvelle mosquée sert aux prières quotidiennes, l’ancienne où repose l’âme du saint homme, à l’apprentissage du Coran et au recueillement.
Mais comment ce saint homme est-il arrivé en ces lieux inconnus et si lointains? Si Lakhdar se souvient de ce que son père et les anciens lui ont raconté. Sidi Mohamed ben Zouaoui, son compagnon et leurs fidèles étaient des Mourabitine (Almoravides). Ils vivaient dans la Kalâa des Béni Hammad à M’sila avant d’être contraints à fuir, vers le début du XIIe siècle, devant l’avancée des Banou Hilal, une tribu arabe venue d’Egypte avec une autre tribu, les Banou Souleïme. Les Mouwahidoune (Almohades) ennemis des Almoravides, après une alliance avec les Hilaliens, ont détruit la Kalâa. Les derniers Almoravides, dont Sidi Mohamed Ben Zouaoui, ont quitté la Kalâa pour les montagnes du Djurdjura et des Babors. C’est ainsi qu’il a fondé Kordjana, dans un lieu inconnu entre les Bibans et les Babors, et s’y est installé après avoir instauré la paix entre des tribus rivales, précise Si Lakhdar.
Selon la tradition, nombre d’habitants, venus par la suite s’installer à Jordana, seraient des descendants des Banou Hilal et des Banou Souleïme, ces tribus arabes originaires du Hedjaz et venues conquérir et piller l’Afrique du Nord sur ordre du khalife fatimide du Caire, Al-Mostanser Billah, pour punir la désobéissance d’El-Moïz Ibn Badis, petit fils de Bologhine ibn Ziri, gouverneur d’El-Djazaïr Béni Mezghenna. Le khalife voulait surtout se débarrasser de ces tribus indisciplinées et dangereuses pour son règne et punir les Zirides d’Alger qui ne reconnaissaient plus sa tutelle. Après avoir détruit Kairouan, les Hilaliens se sont lancés à la conquête de tout le Maghreb. De là, est née une autre légende, celle de Diab et Djazia, semblable à Tristan et Yseult, Antar et Abla ou Roméo et Juliette, et de celle de Bouzid El-Hilali, une sorte de chevalier sans peur et sans reproche. Si Lakhdar promet de raconter, plus tard, l’histoire de ces personnages de légende, estimant qu’ils n’avaient rien à voir avec l’histoire de Sidi Mohamed Ben Zouaoui et de Kordjana, ce lieu qu’il avait trouvé paradisiaque et où il avait décidé de s’arrêter pour l’éternité.
Dix années noires du terrorisme n’ont pas eu raison de ce petit hameau perdu dans le maquis du nord-ouest de Sétif et de Bordj Bou Arréridj. Ses habitants ont tenu bon, pris les armes et défendu leur famille et la mémoire de Sidi Mohamed Ben Zouaoui que d’aucuns voulaient effacer.
L.K