Flambée des prix durant le ramadhan : les fausses priorités du gouvernement
Sonia Lyes .tsa
Sans surprise, le ramadhan 2010 va ressembler aux précédents. Malgré les promesses du gouvernement, les prix des principaux produits de consommation ont connu de fortes hausses dès le premier jour de ce mois sacré. Les raisons de cette flambée sont connues. Elles sont les mêmes depuis maintenant plus de 20 ans. L’Algérie importe presque tout ce qu’elle consomme. Les salaires sont faibles et le taux de change est défavorable au Dinar, régulièrement dévalué par la Banque d’Algérie. C’est ce qu’ont appelle de l’inflation importée.
Le gouvernement, dont les membres ont pris des vacances à quelques jours de ce rendez-vous très important dans la vie du pays, peut difficilement mettre en avant l’effet de surprise. L’argument de la spéculation ne tient pas plus la route car les autorités auraient pu renforcer les contrôles pour empêcher le stockage abusif et la rétention de produits de large consommation.
En fait, le gouvernement est en manque d'idées pour réguler le marché entièrement dominé par les importateurs et les grossistes qui dictent leurs lois aux consommateurs et même aux autorités. Le manque d'infrastructures de stockage des produits agricoles en surplus a fait le reste. Une fois n’est pas coutume, cette année le gouvernement a reconnu son impuissance à contrôler les prix, par la voix de son ministre du Commerce Mustapha Benbada. « On ne peut pas contrôler les prix », a-t-il avoué mardi à l'issue d'une visite à Tipaza, après avoir menacé durant les semaines précédentes les commerçants qui augmentent brutalement et d'une façon injustifiée les prix.
L'autre problème de l'Algérie réside dans le fait qu'elle ne produit pas assez pour nourrir sa population. Le pays compte sur l'importation. Or pour redonner du pouvoir d’achat à ses citoyens, l’Algérie doit produire localement. L’équation est simple : production locale, coûts locaux, donc prix plus bas. Le gouvernement doit encourager l'agriculture et favoriser l'investissement dans la production. Il doit en parrallèle mettre en place un réseau national de distribution – monoprix et souk el fellah.
Seule l’existence d’un tel réseau, géré par l’Etat ou confié à un groupe privé avec un contrat d’objectifs clair, est en mesure de permettre au gouvernement de mettre en place des mécanismes de régulation et d’éviter aux Algériens de vivre un calvaire à chaque mois de ramadhan. Le gouvernement doit aussi définir les produits prioritaires à l'importation et en exclure ou taxer fortement ceux produits localement.
Mais au lieu de trouver des solutions aux vrais problèmes quotidiens des Algériens, le gouvernement s'occupe de sujets qui intéressent peu la population comme le contrôle des rares investisseurs étrangers qui s'aventurent en Algérie, les 2000 utilisateurs de Blackberry ou les chrétiens qui souhaitent pratiquer leur culte en toute liberté dans leur pays.
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Mer 11 Aoû - 17:37