Thamurth Ith Yaala
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 Tafsut Imazighen...Printemps Amazigh...ربيع الأمازيغ

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MessageSujet: Tafsut Imazighen...Printemps Amazigh...ربيع الأمازيغ   Tafsut Imazighen...Printemps Amazigh...ربيع الأمازيغ Icon_minitimeMar 19 Avr - 15:05

Le Printemps berbère, (en Tamazight Tafsut Imazighen) désigne l'ensemble des manifestations réclamant l'officialisation de la langue tamazight et la reconnaissance de l'identité et de la langue berbère en Algérie à partir de mars 1980 en Kabylie et à Alger. Il s'agit du premier mouvement populaire d'opposition aux autorités depuis l'indépendance du pays en 1962.

Les causes:Les berbérophones représentent 45% de la population algérienne. Depuis l'indépendance de ce pays, l'arabe succède au français comme langue officielle. La politique linguistique algérienne se traduit par une arabisation massive de l'administration et de l'enseignement.

La réflexion sur la situation linguistique est d'abord le fait d'intellectuels expatriés (Taos Amrouche, Mouloud Mammeri et des membres de l'Académie berbère).

À l'intérieur du pays, c'est en Kabylie que se trouve la plus importante concentration de berbérophones. L'université de Tizi-Ouzou, créée dans cette région en 1977, est un lieu d'échange, y compris sur le plan culturel. Comme ailleurs, l'organisation de débats et de concerts, ainsi que la représentation de pièces en langue berbère y sont soumises à autorisation — par ailleurs souvent refusées.

Les événements 10 mars 1980 : les responsables de la Wilaya de Tizi Ouzou annulent une conférence de l'écrivain Mouloud Mammeri sur la poésie kabyle ancienne. Les personnes à l'origine de cette décision refusent de s'expliquer — il s'agirait "d'un ordre émanant d'Alger".
11 mars : manifestations à Tizi Ouzou, grèves en Kabylie et à Alger.
7 avril : imposante manifestation à Alger. La répression est féroce et la journée se solde par une centaine d'arrestations, de nombreux blessés et peut-être un mort. D'autres rassemblements ont lieu dans plusieurs villes en Kabylie.
7 avril : début de la grève à l'université de Tizi Ouzou.
8 avril : une autre manifestation converge vers Alger, mais sans réactions violentes des forces de police.
10 avril : grève générale en Kabylie. Le syndicat étudiant (UNJA) proche du gouvernement, dénonce des manifestants « téléguidés de l'extérieur ».
17 avril : dans un discours, le président algérien Chadli Bendjedid déclare que l'Algérie est un pays « arabe, musulman, algérien », et que « la démocratie ne signifie pas l'anarchie ». Le même jour, les grévistes sont expulsés de l'hôpital de Tizi Ouzou et des locaux de la SONELEC.
20 avril : suite une répression sur tous les lieux occupés (université, hôpital, usines) de Tizi-Ouzou, une grève générale spontanée est déclenchée par la population de la ville : plus aucune enseigne en arabe ne subsiste, ni plaque de rues. La Kabylie est désormais coupée du monde.
23 avril : l'université de Tizi Ouzou est prise d'assaut par les forces de l'ordre au cours de l'opération Mizrana.
Le mouvement se poursuit en faveur des 24 détenus Liste des 24 détenus

Arezki Abboute
Mokrane Chemim
Saïd Saadi
Mouloud Lounaouci
Ali Brahimi
Said Khellil
Djamal Zenati
Arezki Ait Larbi
Ourabah Chikh
Aziz Tari
Gerard Idriss Lamari
Idir Ahmed Zaid
Rachid Halet
Mohand Stiet
Rachid Ait Ouakli
Ahmed Aggoune
Mohand Nait Abdellah
Salah Boukrif
Mâamar Berdous
Achour Belghezli
M'hamed Rachedi
Mustapha Bacha
Mouloud Saadi
Kamal Benanoune
(Source:- Revue Tafsut n° 80 ).

Il parvient à les faire libérer au mois de juin. Dès lors, le mouvement berbère tiens des assises au mois d'août lors du Séminaire de Yakouren. Il décide de capitaliser l'avancée de ses idées dans le corps social en multipliant les activités de terrain par la voie pacifique.

C'est ainsi que, dès la rentrée universitaire d'octobre 1980, chaque campus universitaire du centre du pays se dote d'un collectif culturel en charge de la promotion des activités culturelles berbères en milieu universitaire. Dès janvier 1981, de nombreux lycées suivent. Théâtre, chansons engagées foisonnent et expriment un bouillonnement inattendu chez les descendants de « l'Éternel Jugurtha ». Mais c'est le succès considérable des "cours sauvages de berbère" animés par Salem Chaker à la Faculté Centrale d'Alger et par Mustapha Benkhemou à l'Université de Bab Ezzouar et dans les Instituts de Boumerdès qui pousse les autorités algériennes à mettre le holà. Une grossière provocation policière est le prétexte à l'arrestation de 22 étudiants dont 3 récidivistes (Arezki Ait Larbi, Mustapha Bacha et Salah Boukrif), ainsi que Mustapha Benkhemou et Abderrezzak Hamouda (le fils du colonel Si El Haoues) de M'chounech dans les Aurès. À Béjaia un grand soulèvement commencera à partir du 19 mai 1981 autour de la revendication amazigh à laquelle s'est ajouté la dénonciation du détournement du projet d'université vers une autre wilaya. La répression a été féroce et des dizaines de jeunes essentiellement des lycéens ont été arrêtés. Figurent parmi les personnes arrêtées trois étudiants de Tizi-Ouzou et ancien détenus de Berrouaghia (parmi les 24) il s'agit de Tari Aziz, Idriss Lamari et Djamel Zenati.

Les conséquences :Politiquement, le Printemps berbère est le premier mouvement populaire spontané. Il ouvre la voie à une remise en cause du régime algérien. Ces émeutes préfigurent celles de Constantine en 1986 et d'Alger en 1988.

Sur le plan social, le mouvement traduit l'émergence d'une génération d'intellectuels engagés dans le combat démocratique (Tahar Djaout, Ferhat Mehenni...).

Sur le plan culturel, le Printemps berbère brise le tabou linguistique et culturel : il est la traduction d'une remise en cause de l'arabisation intensive de l'administration au détriment du berbère. Cette prise de conscience identitaire a également touché le Maroc voisin, où ces événements sont commémorés chaque année par les étudiants berbérophones.

La reconnaissance de la langue Tamazight:Apres ce combat intellectuel qui a duré plus de 20 ans, la langue berbère est maintenant reconnue comme langue nationale de l'Algérie. Le premier ministre algérien d'origine kabyle, Ahmed Ouyahia, et quelques députés ont même prononcé une partie de leurs discours en tamazight. Depuis 1995, un haut commissariat à l'amazighité (HCA) existe, créé par Liamine Zeroual, avec pour mission de soutenir académiquement et administrativement l'enseignement de tamazight. Un établissement critiqué pour son immobilisme par les leaders du mouvement berbère. La télévision publique diffuse, depuis 20 ans, un journal télévisé en langue amazighe à 19h, copie conforme de l'édition arabophone du JT protocolaire de 20h. Depuis ces deux dernières années, la langue tamazight est étudiée dans les établissements scolaires primaires et secondaires, et sera même en examen de BAC dans la Kabylie. Une chaîne de télévision (Tamazight TV) a été lancée, dans la foulée de l'élection présidentielle d'avril 2009, débouchant sur la reconduction de Abdelaziz Bouteflika. Son audience est inconnue jusque là
.

source Wikipedia.
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MessageSujet: Re: Tafsut Imazighen...Printemps Amazigh...ربيع الأمازيغ   Tafsut Imazighen...Printemps Amazigh...ربيع الأمازيغ Icon_minitimeMar 19 Avr - 15:13

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MessageSujet: LE PRINTEMPS BERBERE 1980 ou la fin de la tyrannie des mots ?   Tafsut Imazighen...Printemps Amazigh...ربيع الأمازيغ Icon_minitimeJeu 21 Avr - 11:05

La poésie guérie de tous les maux

« La poésie guérie de tous les maux, même de la peste ! » (Asefru izmer i twugha yerna i tterka !) (Pensée kabyle).
Nous connaissons tous l’événement majeur qui a donné naissance au « printemps berbère 1980 » (Tafsut imazighen). Cet événement avait provoqué la révolte générale de la jeunesse kabyle.

Le 10 mars de cette même année, une conférence du chantre de la culture berbère, feu Mouloud Mammeri, est interdite par les autorités algériennes. Ce n’est pas une quelconque conférence : l’écrivain kabyle devait s’exprimer sur les « Poèmes kabyles anciens ». Le 1er mars, Mouloud Mammeri a déjà donné une interview au journal « Libération » à propos de son dernier ouvrage. C’est de façon à la fois historique et portée sur l’avenir – de façon prémonitoire – que l’auteur a écrit : « Ici, la poésie est arme, on la craint… » (p. 37).

Je ne reviendrai pas ici sur la chronologie des événements que tout un chacun peut lire dans l’imposant recueil des coupures de presses de la Librairie Imedyazen au nom du Comité de Défense des Droits Culturels en Algérie. Mais, d’aucuns peuvent, à juste titre, se poser la question suivante : « La conférence ayant été interdite le 10 mars 1980 ; pourquoi fête-t-on le 20 avril et non le jour même de l’interdiction ?

Du 10 mars au 19 avril 1980, le mouvement de révolte de la jeunesse kabyle allait en s’amplifiant. Comme on peut s’en douter, la presse gouvernementale algérienne – notamment le quotidien El Moudjahid – a tout fait pour mettre de l’huile sur le feu. La thèse récurrente du complot est, de nouveau reprise : « La jeunesse kabyle est manipulée par les services secrets français et marocains ». Je passe sur la prose employée par ce journal pour qualifier le chantre de la culture berbère, la jeunesse kabyle et les intellectuels qui osaient revendiquer haut et fort leur berbérité. C’est précisément le 20 avril 1980, vers 1 heure du matin, que l’armée algérienne investit brutalement la Kabylie et notamment le campus universitaire de Tizi Ouzou.

Le 25 avril 1980, la manifestation organisée par le Comité de Défense des Droits Culturels en Algérie est interdite par la préfecture de Paris. Le lendemain, nous décidons quand même de manifester. Bon nombre d’entre nous sont arrêtés et emmenés à Vincennes. Nous sommes relâchés vers deux heures du matin alors que 200 collaborateurs de l’Amicale des Algériens en Europe, association du gouvernement algérien, sont relâchés sur le champ après qu’ils nous aient provoqués et essayé de nous empêcher de manifester.

Le printemps berbère 1980 a eu le mérite de mettre fin à la tyrannie des mots. Un Kabyle peut enfin dire « je suis Amazigh », sans crainte du « flic qu’on lui a mis dans la tête » depuis 20 ans ! Désormais, une nouvelle page est tournée dans la lutte et la revendication de la langue berbère. La poésie kabyle ancienne a permis de mettre fin à 20 ans de peur, d’humiliation et d’exactions en tous genres. Il serait très long de revenir ici sur l’arsenal répressif et la chape de plomb qui s’était abattue sur les Kabyles depuis l’indépendance de l’Algérie. Un ami, qui quittait l’Algérie pour le Canada, me disait dans un pince-sans-rire : « Je mourrai peut-être de froid, mais pas d’étouffement ! » C’est vrai que l’on étouffait ; et la chaleur de notre beau pays n’y était pour rien ! Quel est le Kabyle qui n’a pas entendu un gendarme, un policier ou un douanier lui crier : « Parle dans ta langue ! », c’est-à-dire en arabe ! Depuis l’indépendance, la situation ne faisait qu’empirer.

En 1967, nous recevions secrètement la revue de l’Académie Berbère de Paris (Agraw Imazighen). Mon ami Haroune Mohamed fut surpris par un professeur d’arabe, un Egyptien, en train de lire la revue qui portait le nom de l’académie. S’ensuivit des éclats de voix et des menaces qui n’intimidèrent point notre ami. On appela la police… Parmi eux quelques Kabyles (solidaires) étouffèrent l’affaire. Toutes les années sont marquantes dans cette lutte des Kabyles contre la tyrannie des mots. Mais, l’on ne peut oublier l’année 1970 ; l’année où j’entendis pour la première fois, une voix, celle d’un poète, une voix forte, déchirante et révoltée qui vous prend par les tripes et la gorge ; une voix qui ose déjà dire tout haut ce que la majorité des Kabyles pense tout bas ! Une voix émouvante, débordante de sens et d’espoir : celle de Ferhat Imazighen Imoula. Quel réconfort ! Nous nous étions beaucoup identifiés à ce grand poète et militant de la cause amazighe.

En 1971, je faisais mon service militaire. Je découvrais que l’on punissait de jeunes Kabyles sous le prétexte, par toujours avoué, qu’ils ne parlaient pas arabe. Certains officiers ne permettaient pas l’écoute de la station de radio kabyle. En 1972, lors d’un passage du chanteur kabyle Chérif Khedam sur l’unique chaîne de télé algérienne, un officier arabe se leva et éteignit le téléviseur. Ce fut la même année que le gouvernement algérien fit pression sur le gouvernement français pour supprimer la chaîne de radio kabyle à Paris.

En 1974, un peu partout en Kabylie, des jeunes manifestent pour la reconnaissance de leur langue. Certains ont été enrôlés de force dans l’armée. C’est le moment que choisit le gouvernement algérien pour mener sa politique d’arabisation. C’est le moment que choisit le gouvernement algérien pour supprimer « la chaire de berbère » de la faculté de sciences humaines d’Alger, dirigée par Mouloud Mammeri. On lui propose un poste de professeur de français… En 1975, c’est la fameuse « affaire des poseurs de bombes ». Kaci Lounès, Medjber Smaïl, Chéradi Hocine et Haroune Mohamed furent condamnés à mort en 1976, au moment-même où fut lancée la campagne générale d’arabisation du pays. Le 31 août 1976, le Fichier de Documentation Berbère, tenu par les pères blancs, fut mis sous scellés.

L’espace d’un instant, relisons l’éminent linguiste kabyle, Salem Chaker : « Le printemps berbère de 1980 a été l’un des événements politiques majeurs de l’Algérie indépendante [...] L’ampleur des mouvements de protestation et des affrontements qui se sont produits dans toute la Kabylie et à Alger de mars 1980 à mai 1981 a montré que la revendication berbère n’était pas le fait d’intellectuels isolés -« résidus du colonialisme »- mais bien une aspiration largement diffusée au sein de la population berbérophone d’Algérie [...] Toutes les Constitutions algériennes depuis l’indépendance proclament : l’arabe est la langue nationale et officielle du pays. Depuis le printemps 1980, les dogmes fondateurs du système sont contestés par des générations qui étouffent dans les carcans officiels. Toute la Kabylie, « Grande » et « Petite », contrairement à ce qu’ont écrit certains observateurs français, a été impliquée : les manifestations ont eu lieu dans tous les districts ; elles ont même souvent été plus violentes en Petite Kabylie (Bougie et la vallée de la Soummam) ».

Le 10 mars 1980, en empêchant Mouloud Mammeri de faire sa conférence sur la poésie ancienne de Kabylie, les pouvoirs publics algériens poussèrent les Archs (Laârac) kabyles à sortir « doucement » de leur léthargie. La révolte de la jeunesse kabyle dura près de 15 mois. Le mois d’août 1980 clôtura le « printemps berbère » par le séminaire berbère de Yakouren. Un dossier culturel fut rédigé et soumis au gouvernement algérien le mois suivant. Aucune suite ne fut donnée à ce document.

Quatorze ans après, durant l’année scolaire 1994/95, la jeunesse kabyle boycotte l’école. La Kabylie réclame encore la reconnaissance de sa langue, son instauration et sa restauration comme langue nationale et officielle de l’Algérie.

Il fallut l’assassinat du chanteur kabyle, Matoub Lounès (25 juin 1998), pour que les Archs sortent (définitivement ?) de leur sommeil. C’est, paradoxalement, en touchant à leurs poètes que les Kabyles oublient les peurs imprimées par les guerres passées – [45 ans de guerre menée par la fédération kabyle contre la France coloniale pendant les 130 ans de colonisation] – et la prudence inspirée par leurs dictons !

Les printemps changent de couleur…

C’est en touchant à leurs poètes que les Kabyles sont devenus de plus en plus difficiles à corrompre. S’il est vrai que la corruption n’est pas l’apanage des seuls Kabyles. L’assassinat du « rebelle » (Lwennas Matoub) a beaucoup fait dans le relèvement des mentalités solidaires du peuple kabyle. Seule la Kabylie a pleuré Matoub Lounès et seule la Kabylie continue de pleurer ses enfants assassinés lors du printemps noir 2001 : 126 jeunes kabyles ont été assassinés de sang froid par les gendarmes ! Reviendront-ils au printemps ? Leurs mères et leurs parents – fous de douleur et morts dans l’âme – savent bien que cela ne se passe pas (hélas !) comme dans leur mythologie, où la justice des hommes et celle de Dieu ne souffrent pas de prolepses pathologiques. Mais il n’est pas dit que l’Algérie continuera longtemps encore à faillir à toutes ses promesses.
En attendant ce jour, l’aspiration et la conviction demeurent scellées et arborées par cette langue amazighe porteuse de culture et de poésie. Puisque les Anciens disaient que « la poésie peut guérir de tous les maux même de la peste », tous les espoirs sont encore permis. Bien avant que survinrent les deux printemps berbères – le vert d’espoir et le noir plein de sang – mon vieux père avait déjà fini par me convaincre que la littérature orale kabyle – et notamment la poésie – pouvait constituer l’éveil de la conscience d’un peuple, tout particulièrement lorsqu’il s’agit d’un peuple opprimé. Cet éveil passe notamment par la recouvrance et l’exaltation de sa langue grâce à l’assignation d’une dimension universelle faite à la littérature orale traditionnelle qui tient ses racines d’une civilisation berbère millénaire. Un dicton kabyle dit : « Qui a une langue se sent en sécurité » (Wi’sâan iles yetwennes). Les Anciens plaçaient donc déjà la langue comme une valeur au-dessus de toutes les autres.

Par Youcef Allioui
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