Empreintes d'un homme accompli
Ecrivain, traducteur, militant de la cause nationale, professeur, syndicaliste médersien, autant de casquettes dans un seul homme dont l’humilité est sans doute l’une de ses qualités les plus saillantes.
Et lorsqu’il s’est retrouvé, dimanche, au Haut conseil islamique, qui lui a rendu un vibrant hommage, Tahar Gaïd, au milieu de ses pairs et de ses amis, a gardé le même flegme qui est le sien, écoutant religieusement, les éloges dédiés par ses compagnons au regard de son riche et passionnant parcours.Né en 1929 à Timengache, près de Guenzet, dans le fier pays des Béni Yala, Tahar a fait la médersa de Constantine et d’Alger, a été parmi les fondateurs de l’UGTA, a connu les affres de l’emprisonnement dans les camps, a contribué à l’indépendance, à la reconstruction du pays, en occupant de hautes fonctions dans l’administration, a représenté le pays à l’étranger en qualité d’ambassadeur, a écrit plusieurs ouvrages sur l’Islam et reste toujours à l’écoute des pulsations de la société.
Dimanche, aussi bien les universitaires présents à la salle de conférences du HCI, que ses compagnons, ont offert à Tahar une gerbe de gratitude et de reconnaissance. De Lamine Bechichi à Kamel Bouchama, en passant par Zhor Ounissi, Lamine Khène et Zahir Ihadaden, tous ont eu des mots tendres à l’égard de Gaïd que le président de l’Association des médersiens, Aït Belkacem Mourad, a qualifié à juste titre dans son intervention d’ouverture d’«homme d’envergure, un patriote qui s’est sacrifié pour le pays tout en participant activement à sa reconstruction». Parmi l’assistance, d’anciens camarades de Tahar, mais aussi des têtes connues, comme Larbi Demagh Latrous, M. Benslama Salah Benkobbi, Belkacem Nabi, Mustapha Fettal, Réda Bestandji, Saïd Chibane, Tahar Zerhouni…
Un petit «couac» cependant dans cette ambiance festive, l’injonction faite à un intervenant de s’exprimer en langue nationale alors qu’il avait osé se référer à la langue de Voltaire, bon bilingue qu’il est, sachant qu’il avait fait son discours quelques instants auparavant dans un parfait arabe.Pourquoi cette attitude rétrograde de la part de l’organisateur qui nous renseigne sur certaines postures figées ? Heureusement, que le grand poète, Slimane Hannani, en bon medersien qui maîtrise les deux langues, qui a déclamé un poème plein de tendresse, nous a réconciliés avec nous-mêmes, fiers de notre langue, mais aussi de notre «butin de guerre».
Hamid Tahri