«L’olivier en Kabylie, entre mythes et réalités» est le titre d’un ouvrage que notre confrère Rachid Oulebsir vient de publier. Pédagogique pour qui veut découvrir le processus d’extraction de l’huile d’olive, les rites qui l’entourent, et les extraordinaires vertus thérapeutiques qu’on lui prête, à tort ou à raison, cet ouvrage est aussi un appel du coeur d’un journaliste pour nos décideurs afin de mettre en valeur l’huile d’olive, substance végétale qui peut jouer un rôle prépondérant dans l’économie nationale dans la mesure où elle constitue une source d’entrée de devises étrangères parce qu’elle est à même de faire face à la concurrence mondiale.
Un livre écrit avec le coeur car son auteur est amoureux de sa terre comme le fut Mouloud Feraoun. Le reportage fait souvent place à une narration idyllique des faits sans toutefois céder au mensonge: tout ce qui est relaté est véridique. Notre confrère décrit dans le premier chapitre intitulé «L’homme qui parle à ses oliviers» les faits et gestes de Aïssa, un vieux paysan qui nettoie son oliveraie, avant le ramassage des olives: un rite ressemblant à une toilette prénuptiale. Dans «Bucherons et fagotiers», le deuxième chapitre de cet ouvrage, le lecteur est invité à découvrir les rigueurs des hivers kabyles et la manière avec laquelle les gens y font face. «La neige fouette les corps et ravive les âmes...», on s’y prépare activement: les troupeaux sont en transhumance, des caravanes de fagotiers apportent le bois nécessaire pour le chauffage.
Dans «Le burnous et la neige», l’auteur nous montre comment les paysans accueillent avec philosophie les premières chutes de neige. «C’est de l’or qui nous tombe du ciel», affirme un personnage, Aissa l’oléiculteur, en l’occurrence. Le décor est déjà planté, Rachid Oulebsir nous en peint le tableau: «Le froid a imposé ses règles aux villageois. Les burnous et les kachabias alourdissent les silhouettes difformes des paysans.» La foi en l’avenir l’emporte sur les dures réalités de l’hiver kabyle dans la mesure où il n’est plus appréhendé comme une rude période à passer mais plutôt comme un temps de répit, une occasion pour faire le point sur la vie de la famille, l’état de ses champs d’oliviers ou autres.
La solidarité légendaire des Kabyles n’est pas en reste dans cet ouvrage palpitant et plein d’informations sur le mode de vie des villageois dans ce chapitre intitulé «Tiwizi, l’âme du arch kabyle». Rachid Oulebsir nous apprend que les paysans s’unissent pour ramasser les olives de chacun d’entre eux, à tour de rôle, en raison de la difficulté de la tâche.
Revenant sur la cueillette des olives, l’auteur nous montre dans le chapitre «La cueillette du bonheur», combien l’huile d’olive compte dans la vie économique et sociale de la famille kabyle. «Abandonner une seule olive dans les champs est une honte pour le propriétaire de l’oliveraie et pour tout le village.»
Les difficultés rencontrées par les propriétaires d’oliveraies à écouler leur produit sur le marché, le manque de moyens pour la mise en valeur de leurs champs et d’autres tracasseries sont bien cernés par l’auteur dans le chapitre qui porte le titre «La foire de l’olive». Une foire de l’olive est organisée annuellement dans la vallée de la Soummam. Un paysan dit: «Nous n’avons pas le coeur à la fête. Nous exposons nos produits pour exprimer nos problèmes. C’est un dernier SOS que nous lançons aux pouvoirs publics...».
Village emblématique, Ighil-Ali, berceau de Taous et Jean Amrouche, Malek Ouari et d’autres, n’est pas en reste dans cet excellent ouvrage. «Ighil-Ali, la perle des Biban» est le titre du chapitre qui lui est consacré.
«L’huile d’olive de Kabylie» est le chapitre dans lequel l’auteur du livre explique pourquoi cette huile est prisée par tous les Algériens et même par les étrangers. «L’Algérien de culture fondamentalement paysanne ne traite pas l’huile d’olive comme un produit ordinaire acheté au marché du coin. Il lui accorde une valeur sentimentale, voire esthétique, comme celle que l’on réserve aux bijoux.».
Dans le chapitre «Meule de pierre et presse de bois», notre confrère écrivain, met en exergue l’attachement du paysan kabyle à son moulin traditionnel, à sa presse en bois, arguant que c’est avec ces derniers seulement que l’huile conserve sa saveur, son goût, voire toutes ses vertus. «L’huile produite sans pression est de loin meilleure que celle issue du broyage des noyaux et extraite par centrifugation» affirment-ils.
Enfin le cri du coeur des paysans, à l’adresse des autorités du pays, que l’auteur a fait sien en rédigeant tout un chapitre à ce sujet: «Libérez l’avenir!». Le plaidoyer de l’auteur est imparable: l’olive algérienne est produite sans engrais et sans pesticide, donc plus biologique (ou «bio» pour faire dans l’air du temps) que ses concurrentes. L’autre le dit en ces termes: «L’olive algérienne est produite sans engrais et sans pesticides.» Pour terminer, ce livre attrayant en tous points, Rachid Oulebsir en bon pédagogue qu’il est, nous gratifie d’un calendrier agraire amazigh.l expression....A ceux qui ne peuvent pas assister à la fete...