|
| Le voyage imprévu (Ahcène AZZOUG)... | |
| | Auteur | Message |
---|
tikka V.I.P.
Nombre de messages : 6080 Age : 63 Localisation : Setif Emploi/loisirs : Gestion/nature Humeur : Idhourar i dh'al3amriw... Date d'inscription : 08/07/2008
| Sujet: Le voyage imprévu (Ahcène AZZOUG)... Mer 10 Oct - 12:40 | |
| Ahcène AZZOUG Le voyage imprévu:Pages 99-101 Éditions Marsa Alger, 2003 « Citons le cas de ma famille : ma femme et moi étant originaires du même village nous discutons en kabyle. Lorsque notre première fille est née, nous l’avons bercée avec la langue kabyle. Ses premières paroles étaient en kabyle. Les dessins animés en français, comme l’école maternelle n’ont pas détrôné le parler de la famille. Elle s’est trouvée, sans le savoir, bilingue à l’âge de 3-4 ans. Elle avait ses propres repères : parler en kabyle à la maison et en français dehors.
C’est après la naissance de ses frères et sœurs que tout s’est redéfini autrement. Pourtant nous avions essayé de garder le kabyle à la maison et le français à l’école, dehors, et à la télé. Les enfants parlaient entre eux en français. Il nous semblait que les deux langues coopéraient. Nous n’avions pas prêté attention à ces perpétuelles rentrées scolaires, les croyants bénéfiques. Nous voyions d’un bon œil les progrès de nos enfants qui communiquaient en français sans accent. Nous avons aidé nos enfants à faire leurs devoirs et apprendre les leçons.
La langue française de l’extérieur a commencé à prédominer. C’est la langue kabyle de la maison qui a fini par sortir. Mais pour aller où ? À sa perte ! Elle n’a pas sa place dehors non plus ! Nous avons retrouvé notre langue sous le paillasson. Plus grave : c’est avec nos séjours de vacances au pays que nous constations l’importance des dégâts, insurmontables par nous seuls, les parents. Seul son enseignement comme celui des autres langues pouvait la sauver. Avions-nous une part de responsabilité ? Etait-ce la conséquence de nos erreurs ? Etait-ce lâcheté de notre part ? C’est ce qu’on nous reproche parfois.
Nous avons tenté de remettre notre langue kabyle à la place qui lui revenait. Mais notre médiocre pédagogie ne pouvait rivaliser avec celle de l’école et de ses professionnels. Il est devenu presque normal d’entendre les adultes parler en kabyle à leurs enfants et les enfants leur répondre en français. Ils tiennent une conversation en deux langues. Nos compatriotes du pays rigolent bien de nous.
Les victimes sont plus encore les enfants d’Algériens berbérophones qu’arabophones. En effet, ces derniers ont plus de chance : la mosquée donne lieu à des échanges entre adultes et à l’alphabétisation en langue arabe. De plus, les parents équipent leurs téléviseurs d’antennes paraboliques leur permettant de capter de nombreuses chaînes qui émettent en arabe. Ils peuvent ainsi suivre les différentes émissions et mesurer la nécessité de savoir parler sa langue. Les enfants kabyles, et berbères en général, ne disposent d’aucune aide. Des associations visant à développer la pratique de la langue se multiplient, mais leurs maigres moyens ne leur permettent pas d’égaler l’enseignement officiel et les technologies à sa disposition. Quelques associations tentent d’organiser des cours de berbère (amazigh) en alphabet latin, arabe ou tifinagh. Ces initiatives sont si lourdes à assumer que, finalement, les motivations s’effritent chez les organisateurs comme chez ceux qui veulent apprendre. »
Observations : « Des lumineux paysages de Kabylie aux brumes de l’Est français, des durs ateliers de Peugeot aux drames du village natal, c’est tout un pan de la mémoire centenaire de l’immigration algérienne que brosse Le voyage imprévu. Ce récit fourmillant d’anecdotes d’ici et de là-bas, relate petits bonheurs et grandes souffrances, et pose des questions importantes sur les relations entre les communautés. » (Note de l’éditeur).
Ahcène Azzoug, émigré algérien, ouvrier chez Peugeot à Montbéliard depuis sa jeunesse, a participé au débat sur « L’écrivain-migrant » organisé à l’occasion du Salon du livre des droits de l’Homme dédié au thème « Migrations, les mots et les cris » (Paris, Février 2006). Son livre est épuisé… In timkardhit. | |
| | | thiziri Confirmé
Nombre de messages : 765 Age : 65 Localisation : Ith Yaâla (Genéve) Emploi/loisirs : Transport/voyage Humeur : reelaaxeee.. Date d'inscription : 11/04/2011
| Sujet: Re: Le voyage imprévu (Ahcène AZZOUG)... Jeu 11 Oct - 4:08 | |
| Merci pour le partage tikka. A mon avis le problème que soulève notre ami Azzoug est typique à tout pays qui vit notre situation. Déjà que nous les parents "émigrés" entre-nous on ne parle pas 100% Kabyle même quand on est au village. Je salue et j'encourage tous les parents et enseignants qui essayent d'initier malgré tout à nos têtes brunes la langue de nos ancêtres. Les enfants Kabyles qui vivent aussi dans les villes du nord est ouest ou sud de l'Algérie ont le même problème que les enfants des émigrés, le constat est pareil . Ma voisine Croate et son mari Serbe se plaignent que leurs filles jumelles de 12 ans leurs répondent souvent en Français alors qu'ils leurs parlent en Serbo-croate ! Lors de mon dernier séjour en Algérie j'entendais parler dans les endroits publiques : les transports, cafés, les rues, restos, cinémas...etc à Alger, Bougie, Sétif, Tizi-Ouzou et ailleurs j'entendais parler des dialectes différents comme le Chaoui, le Sétifien, le Constantinois, Annabi, l'Oranais, le sahraoui...qu'on appelle en linguistique (les réalisations locales de la langue nationale) . Je crois que la donne économique actuelle avec la mondialisation, notre nouveau système politique, le libre marché, la libre circulation des personnes, internet, les nouveaux modes de communications, l'historique de notre pays et ses derniers événements, la francophonie, l'exode rural, la pub jouent tous un grand rôle dans ce constat.. Le monde change et la nouvelle génération est plutôt portée sur facebook msn skype twetter mms sms... Même la langue française et l'Arabe sont remplacées par des nouveaux textos. Le niveau de la connaissance des langues est en chute libre chez nous les adultes et même chez les enseignants !!!. Apprenons à nos enfants les vraies valeurs, parlons avec eux en Kabyle en leurs expliquant le sens des mots même s'ils nous répondent dans une autre langue (comme mes voisins), l'essentiel est qu'ils nous comprennent c'est enregistré dans leur mémoire. Multiplions les séjours dans nos villages avec vos enfants. N'oublions pas qu'on ne vit plus dans nos villages entre nous et qu'à l'école et dans la rue on parle d'autres langues. Accompagnons nos enfants et aidons-les à mieux s'adapter dans leur nouveau monde, attirons-les, canalisons leurs intérêts, récompensons-les pour chaque effort qu'ils fournissent. N'imposons rien par contrainte, protégeons-les contre eux-même et contre les fausses valeurs de l'avoir, du paraître et de la surconsommation, soyons responsables et apprenons-leurs à partager, à aimer l'autre, à être utiles et écologique. Pour finir prions pour eux car leur avenir sera intransigeant et sélectif. | |
| | | thala Confirmé
Nombre de messages : 503 Date d'inscription : 18/01/2012
| Sujet: Re: Le voyage imprévu (Ahcène AZZOUG)... Dim 14 Oct - 0:15 | |
| un grand merci a tikka de nous tenir informés de ces parutions qui touchent a notre vecu et a notre present de tres pres . j`ai lu d`un trait cet extrait de ce livre: je trouve le style de cet auteur prodigieux pour un simple ouvrier chez Peugeot, c surement au autodidacte formé et diplomé de l`ecole de la vie : pas de l`ecole algerienne qui forme des illettrés trilingues ( sauf exception bien sur ) qui ne maitrisent aucune des trois langues :ni l`arabe ,ni le francais ,...l`anglais ce serait vraiement utopique . quant au kabyle la responsabilité incombe a nous les parents de l`apprendre a nos enfants des leur jeune age , les nourrir de nos traditions et valeurs ,en les entourant d`un envirronement kabyle ...autant que faire se peut ...
Tres belle reponse de thiziri ( heureuse de te savoir de retour ) je releve surtout la derniere phrase : Pour finir prions pour eux car leur avenir sera intransigeant et sélectif.
tres juste Thiziri ,nos enfants sont devant des enjeux enormes ,ils doivent etres preparés et bien armés pour affronter cette competition ,cette selection la connaissance de plusieurs langues est primordiiale.en plus d`une solide formation accademique .et une bonne maitrise de la technologie .... cette technologie qui les exploite ,les deconcentre , les distrait et les detourne de leurs etudes dans leur jeune age ,a nous les parents de les guider ,les surveiller les espionner s`il le faut , en tous cas , `` les deconnecter ``quand il le faut ....
| |
| | | thiziri Confirmé
Nombre de messages : 765 Age : 65 Localisation : Ith Yaâla (Genéve) Emploi/loisirs : Transport/voyage Humeur : reelaaxeee.. Date d'inscription : 11/04/2011
| Sujet: Re: Le voyage imprévu (Ahcène AZZOUG)... Lun 15 Oct - 9:15 | |
| Merci thala moi aussi je suis content que tu sois en bonne santé et toujours parmi nous . | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Le voyage imprévu (Ahcène AZZOUG)... | |
| |
| | | | Le voyage imprévu (Ahcène AZZOUG)... | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |