LE SCANDALE MADOFF
La série noire continue pour la finance mondiale, C'est le plus grand scandale financier, probablement de toute l'histoire des marchés de crédit.
Bernard Madoff, 70 ans, ancien patron du Nasdaq et pilier de Wall Street a été arrêté par le FBI, poursuivi pour une fraude pyramidale géante, évaluée par lui-même à 50 milliards de dollars.
Bernard Madoff a créé une société de courtage sous forme d’une chaîne ou pyramide de Ponzi qui a fonctionné pendant 48 ans, de 1960 à 2008. Une escroquerie qui a duré plus de 40 ans. Ce qui est surprenant est que les montants aient été aussi élevés et que le système ait duré si longtemps.
Pendant des dizaines d’années il a réussi à tromper des investisseurs parmi les plus riches de la planète, appâtés par des rendements importants sur les sommes prêtées.
Comment un seul homme a-t-il pu faire cela sans que personne ne puisse intervenir ?
Comment a-t-il pu dissimuler aussi longtemps une supercherie engageant quelques unes des plus grandes banques mondiales ?
Honorablement connu sur la place depuis des décennies, l'influent fondateur de la prestigieuse Bernard L. Madoff Investment Securities LLC avait monté une arnaque gigantesque basée sur le mensonge et les placements juteux. Il proposait des rendements de l’ordre de 8% à 12 % (1 % par mois, soit 12 % par an) qu’il inventait, et rémunérait les anciens clients avec l‘argent apporté par les nouveaux ! Mais il espérait vraiment rémunérer tout le monde ?
En sa qualité de gérant de fonds spéculatif, Bernard Madoff a pu jouer sur sa crédibilité auprès des investisseurs .Il promettait des retours sur investissements élevés. Plus de la moitié des investisseurs étaient des fonds spéculatifs, le reste de la clientèle étant constitué de banques et de fortunes privées recrutées, entre autres sur les terrains de golf. Madoff a réussi à engager des sommes colossales malgré les multiples scandales financiers.
Plusieurs riches personnalités américaines et émirs du golfe ainsi que des banques étrangères seraient victimes de la gigantesque fraude qu’aurait montée l’homme d’affaires américain Bernard Madoff
Parmi la longue liste des clients floués (probablement certains « fortunés » algériens) figureraient des banques comme BNP Paribas en France et Nomura Holdings à Tokyo .
La Banque d’Espagne a ouvert une enquête pour déterminer l’impact dans le pays de la gigantesque fraude : 2,2 milliards d’euros. En Suisse, les établissements de la place financière de Genève pourraient perdre jusqu’à 3,7 milliards d’euros.
L'organisme fédéral américain et gendarme de la bourse, la SEC (Securities and Exchange Commission) chargée de réglementer et de contrôler les marchés financiers a complètement failli à sa tâche. Elle a été endormie du fait des anciennes fonctions du dirigeant du prestigieux NASDAQ. La SEC, elle-même, a enquêté à deux reprises sur le fonds Bernard Madoff Investment Services. Ces investigations n'ont malheureusement pas été suivies d'effet. L'affaire Madoff risque de renforcer les critiques sur la capacité de supervision de la SEC.
Ces fonds ont une réglementation plus légère car ils ne reçoivent pas de dépôts de clients. Ils sont souvent hébergés dans des paradis fiscaux, par définition peu transparents.
Les « Fonds spéculatifs sont relativement peu présents en Europe, mis à part au Royaume-Uni ou en Suisse.
Dans une société pyramidale, ce sont les dépôts des nouveaux arrivants qui payent les intérêts des anciens. Rembourser des emprunts en empruntant à nouveau : un mécanisme qui se serait effondré à l'heure de la crise des liquidités et de clients souhaitant récupérer leur mise.
En quoi constituait l’escroquerie ?
Les clients du fonds spéculatif de Bernard Madoff pensaient investir. En réalité, leur argent servait juste à rembourser les clients qui réclamaient leur mise. Aucune équation mathématique, aucune technique financière sophistiquée ne sous-tendait les faramineuses garanties de retours sur investissement annoncées.
Elles n’étaient que pures promesses. Cette technique, dite de la « pyramide de Ponzi » est basée sur le système pyramidale avec un effet boule de neige simple et impitoyable. En effet en 1920 Charles Ponzi, cet immigré italien aux États-Unis était devenu millionnaire en six mois, en promettant aux épargnants des intérêts de l’ordre de 40 % . En réalité l’argent des nouveaux servait à rembourser les autres. Cet argent profite en premier lieu au fondateur de la chaîne. Mais la presse révéla que Charles Ponzi n’investissait pas dans sa propre société . Les épargnants retirèrent alors massivement leur argent. Et tout s’effondra.
Un tel système fonctionne tant que les investisseurs n’ont pas besoin de retirer leur argent au même moment. Or, la crise financière a obligé les nombreux fonds spéculatifs, qui avaient investi dans celui de Bernard Madoff, à réclamer d’urgence leurs mises.
Il a fallu une crise financière majeure et la volonté de ses clients de récupérer leurs mises pour que Madoff soit mis au jour. La crise actuelle a du bon, elle a permis l’éclatement du plus gros mensonge. La panique des investisseurs a fait que les nouveaux voulaient également récupérer du cash. Et du cash, Madoff n’en a pas.
Lorsque de nombreux clients ont souhaité retirer leurs avoirs de sa société d'investissement en 2008, ils se rendirent compte que les caisses étaient vides et qu'ils avaient perdu tout leur argent.
Une bonne partie de la finance internationale était tombée dans les filets de Bernard Madoff. Plusieurs des plus grandes banques du monde ont admis avoir confié plus ou moins indirectement des sommes souvent colossales au courtier new-yorkais.
Le mois dernier, le système dit des « pyramides » a déjà ruiné de nombreux Colombiens, qui avaient confié leur argent à des pseudo-banques promettant des intérêts surprenants. La crise est un révélateur pour ce type de fraudes. C’est le moment propice pour les déceler. Les crises doivent servir à faire apparaître les inquiétudes et à rectifier le système.
Conclusion
Une véritable bombe dans le milieu de la finance après le cataclysme des subrpimes vient de s’ajouter aux nombreux scandales financiers. On pourrait s'étonner de la défaillance systématique des autorités de régulation américaines.
Etonnant ! La crise n’a apparemment pas fini de dévoiler les magouilles financières de toutes sortes, c’est en quelque sorte son bon côté !
Cela montre d’une part, à quel point les marchés financiers sont totalement irrationnels et révèle d’autre part l'ampleur des déséquilibres que nous avons vécu ces derniers temps. La prudence s'impose à ce stade sur l'étendue des dégâts puisque quelques banques seront touchés par le principe de la cascade ayant investi au travers de fonds eux même engagés directement ou indirectement chez Madoff.
On ne joue pas avec l’argent qu’on n’a pas !
Voici une brève liste (année, nom et montant impliqué) des escrocs depuis Charles Ponzi :
- 1920, Charles Ponzi, 162 millions de dollars
- 1987, Barry Minkow, 300 millions
- 1995, Steven Hoffenberg, 475 millions
- 1996, Patrick Benett, 700 millions
- 1997, John G. Bennett Jr, 135 millions
- 2005, Angelo Haligiannis, 10 millions
- 2008, Joseph Shereshevsky, 250 millions
- 2008, Thomas Petters, 3,5 milliars
- 2008, Bernard L. Madoff, 50 milliards
Voici un rappel des précédents par ordre d'importance du préjudice financier :
- Société Générale : En janvier 2008, la banque française Société Générale est victime d'initiatives incontrôlées de son trader Jérôme Kerviel, une fraude à hauteur de 4,9 milliards d'euros. Il a été soupçonné d'avoir engagé jusqu'à 50 milliards d'euros sur les marchés.
- Khalifa Abdelmoumène (1999-2003) : Sans commentaire . Le préjudice causé ne sera jamais révélé
- Sumitomo (1986-1996) : Yasuo Hamanaka, responsable des activités de marché pour le cuivre au sein de la maison japonaise de négoce Sumitomo Corp., fait perdre 2,6 milliards de dollars à son employeur en effectuant des transactions frauduleuses durant une décennie.
- Barings : En février 1995, la plus ancienne banque d'affaires britannique, avait perdu 850 millions de livres de pertes accumulées (1,2 milliard de dollars), étaient cachées sur un compte secret par un le courtier Nick Leeson
- Allfirst : En février 2002, la première banque irlandaise, l'Allied Irish Bank (AIB), révèle que le courtier John Rusnak a dissimulé 691 millions de dollars de pertes sur des opérations de change
Les courtiers interviennent sur les marchés du crédit pour des montants anormalement élevés et en prenant des risques excessifs sans autorisation et au-delà des limites définies par la banque.
GUENZETIEN