Je vais essayer de publier une série très smiple de l'histoire des berbères
L'Algérie est née dans la douleur avec la conquête française .A la différence de ses voisins, le Maroc et la Tunisie, dont l'existence en tant qu'État remonte à plus d'un millénaire, l'Algérie était avant 1830 un territoire sans État ou du moins sans administration centrale.
Les royaumes algériens du Moyen Âge avaient en effet depuis longtemps disparu sous les coups portés par les Turcs, les Barbaresques, les Espagnols, les Marocains,...
Les Français ont soumis le pays, village après village, par des méthodes brutales, tandis qu'il leur a suffi d'un accord d'État à État pour imposer un protectorat au Maroc et à la Tunisie.
De la même façon, ces deux pays ont recouvré leur indépendance presque sans douleur tandis que les Algériens ont dû en passer par une guerre effroyable où des musulmans indépendantistes se sont affrontés à des coreligionnaires qui ne voyaient pas la signification d'une Algérie indépendante.
La lente descente aux enfers de l'Algérie «socialiste» des années 1970 et la guerre civile des années 1990 ont témoigné de la difficulté de la nouvelle Nation à trouver son identité.
Antiquités algériennes
L'Algérie apparaît dans l'Histoire avec Massinissa, chef des tribus numides établies à l'est de Constantine, à cheval sur l'Algérie et la Tunisie actuelles.
Massinissa est élevé à Carthage, prospère colonie phénicienne implantée au nord de Tunis. Il met sa cavalerie au service des Carthaginois et combat avec eux son rival Syphax puis les Romains.
Puis Massinissa change de camp et rejoint le Romain Scipion. Les Carthaginois, qui devaient lui donner en mariage la princesse Sophonisbe, fiancent celle-ci à Syphax.
Qu'à cela ne tienne. Massinissa capture Syphax et récupère sa promise. Scipion proteste car il veut exhiber Sophonisbe lors de son prochain triomphe, à Rome. Plutôt que de livrer la malheureuse, Massinissa lui donne du poison la nuit même de ses noces. «Moi, je ne perds que la vie [mais je sauve mon honneur]» aurait-elle alors dit.
Pour Massinissa, la vie continue. Sa cavalerie, alliée aux légions romaines, défait les Carthaginois sous les murs de Zama, sa capitale, en 202 avant JC.
La lune de miel entre Rome et le royaume numide dure jusqu'à l'avènement de Jugurtha, petit-fils de Massinissa et neveu de son successeur Micipsa.
Brutal et cynique, Jugurtha massacre les deux fils de Micipsa et réunit la Numidie sous son autorité. Il s'en prend aussi aux marchands romains.
Sommé de se justifier, il tente pendant un temps d'éteindre la colère de Rome en stipendiant sénateurs et consuls. «Ville à vendre,» s'écrie-t-il en quittant Rome, «il ne te manque qu'un acheteur».
Une première armée envoyée à la poursuite de Jugurtha est battue et contrainte de passer sous le joug.
Rome envoie le consul Metellus et son adjoint Marius combattre les Numides. Après l'éviction de Metellus, Marius prend la tête des opérations avec le titre de consul. Jugurtha résiste aux Romains en pratiquant la guérilla.
Mais le questeur de Marius, Sylla, soudoie le beau-père de Jugurtha, Bocchus, qui règne sur la Maurétanie, à savoir l'Algérie occidentale et le Maroc actuel.
Le roi des Maures attire son gendre dans un guet-apens et le livre en 105 avant JC aux Romains. C'est la fin des guerres numides (l'historien Salluste en a écrit le récit).
Bocchus devient le nouvel ami des Romains cependant que Jugurtha est exhibé au triomphe de Marius puis étranglé dans la prison du Tullianum, comme plus tard un autre héros national... le Gaulois Vercingétorix.
Jugurtha est revendiqué par les Tunisiens modernes comme le premier symbole de la résistance nationale à l'oppression. Habib Bourguiba, fondateur de la Tunisie moderne, se présentait volontiers comme son héritier.
En 46 avant JC, Jules César annexe le royaume de Maurétanie et le transforme en une province romaine. Les Romains fondent des villes prospères dont subsistent de glorieux vestiges : le port de Tipasa, à l'ouest d'Alger, Cherchell, Lambésis, Hippone, Cuicul,...
La plus célèbre est Timgad, construite par l'empereur Trajan vers l'an 100 pour défendre la plaine orientale de l'Algérie contre les montagnards des Aurès.
Pas plus que les envahisseurs qui leur succèderont, les Romains n'arrivent à soumettre les populations indigènes des montagnes : pasteurs semi-nomades héritiers des Numides, que l'on appelle Berbères ou bien Kabyles.
Dans l'empire devenu chrétien se lève une personnalité hors pair, Augustin. Né à Tagaste en 354, non loin de la Tunisie, Augustin devient évêque d'Hippone (aujourd'hui Bône ou Anaba) et combat avec éloquence les rudes hérésies qui affligent la chrétienté d'Afrique du nord (donatisme, manichéisme, arianisme,...).
Il meurt en 430 tandis que l'arrivée des Vandales, envahisseurs venus d'Outre-Rhin, ruine pour très longtemps l'Afrique du nord.
En 534, le général Bélisaire reconquiert le littoral et les plaines pour le compte de l'empereur romain d'Orient, Justinien.
Les Byzantins vont se maintenir pendant près de deux siècles sur place, jusqu'à l'irruption des armées de l'islam sous la conduite du célèbre Oqba, compagnon du Prophète, en 680.
Pénétration musulmane
La conquête arabe, à partir de la base de Kairouan, en Tunisie centrale, se révèle ardue du fait de la résistance opiniâtre des Kabyles. Ceux-ci perpétuent le souvenir d'une héroïne, la Kahina, qui combattit avec succès les troupes du général Oqba.
D'après les récits tardifs du grand historien musulman Ibn Khaldoun, la Kahina était une Berbère d'origine juive. Nombreux en effet étaient en Afrique du nord les Berbères convertis au judaïsme (*) depuis le début de notre ère.
Par réaction contre les exactions des gouverneurs arabes, les Berbères d'Algérie se rallient au kharidjisme, une secte musulmane qui évoque le protestantisme chrétien par son puritanisme et son rejet de la hiérarchie (et les sectes contre lesquelles combattit saint Augustin).
L'Afrique du nord est brièvement unifiée au XIe siècle par les Almohades venus du Maroc qui s'emparent du royaume berbère de Bougie et écrasent les Arabes de la tribu des Banu Hilal, venus d'Égypte un siècle plus tôt.
La décomposition rapide de l'empire almohade entraîne à nouveau le fractionnement de l'actuelle Algérie en royaumes rivaux (Tlemcen, Bougie,...).
Les Espagnols en profitent au début du XVIe siècle pour prendre pied dans les ports : Mers el-Kébir, Oran, Bougie, Le Penon (en face d'Alger). Menacé, le roi d'Alger appelle à son secours des corsaires, les frères Barberousse.
En 1516, ces musulmans d'origine albanaise s'installent à Alger. Ils évincent le roi et, quatre ans plus tard, instituent la Régence et se placent sous la protection virtuelle du sultan turc d'Istamboul.
Ils s'allient à l'occasion avec François 1er pour combattre l'empereur Charles Quint et favoriser les desseins du roi de France en Italie.
Au prochain épisode