Le président égyptien Hosni Mourabak a quitté la tête du Parti national démocrate (PND) au 12e jour d'un vaste mouvement de contestation de la population qui réclame son départ, a annoncé la télévision nationale égyptienne.
Quelques minutes auparavant, les dirigeants de la formation ont annoncé leur démission. Parmi eux figure Gamal Moubarak, le fils du chef d'État qui était pressenti depuis plusieurs années pour succéder à son père, selon la chaîne de télévision arabe Al-Jazira. Le nouveau secrétaire général du PND, Hossam Badraoui, fait partie de l'aile libérale du parti.
Plus tôt, Hosni Moubarak a rencontré les principaux ministres chargés des dossiers économiques. Selon l'agence officielle Mena, le président s'est entretenu samedi avec le premier ministre Ahmad Chafic ainsi qu'avec les ministres du Pétrole, du Commerce, des Finances, de la Solidarité sociale et le gouverneur de la Banque centrale. Aucun détail n'a été donné sur les sujets discutés.
La mouvement de protestation a un impact important sur l'économie du pays. Plusieurs entreprises ont aussi dû interrompre leurs activités depuis le début du soulèvement et l'industrie touristique est grandement affectée.
Contrairement à ce qu'avaient annoncé les autorités il y a quelques jours, la Bourse du Caire ne rouvrira pas lundi.
Les exportations de l'Égypte ont chuté de 6 % en janvier et la crise coûte 310 millions de dollars par jour au pays, selon les analystes.
La contestation se poursuit
Pendant ce temps, des milliers de manifestants occupent toujours la place Tahrir, au Caire, et continuent d'exiger le départ du président Moubarak.
La démonstration de force, plus modeste que lors des jours précédents, se déroule dans un calme précaire. Selon l'envoyée spéciale de Radio-Canada dans la capitale, Sophie Langlois, la tension est un peu plus palpable que vendredi même si les manifestants sont en moins grand nombre. Elle a constaté des échauffourées entre les opposants et des manifestants pro-Moubarak qui ont réussi à pénétrer sur la place même si les militaires assurent toujours un contrôle strict de son accès.
Un officier de l'armée a tenté en vain de persuader la foule de quitter la place, arguant que le mouvement paralyse l'économie de la capitale. Du haut d'une tribune et muni d'un porte-voix, le militaire a lancé aux protestataires : « Vous avez tous le droit de vous exprimer, mais s'il vous plaît, sauvez ce qui reste de l'Égypte. Regardez autour de vous. »
Les manifestants ont répondu par des cris exigeant la démission du président. L'officier a quitté la tribune en disant : « Je ne parlerai pas au milieu de tels slogans. »
Dans la matinée, plusieurs protestataires ont tenté d'empêcher les chars de l'armée déployés sur la place de quitter les lieux, disant craindre des violences, selon des journalistes de l'AFP. Dès que les moteurs se sont mis en marche, les manifestants se sont assis au sol autour des chars positionnés aux différents accès de la place.
Des coups de feu nourris ont été entendus au cours de la nuit, semant un léger mouvement de panique, selon un correspondant de l'AFP, mais il s'agissait de coups de semonce de l'armée qui n'ont pas fait de blessés.
Vendredi, des centaines de milliers de personnes ont manifesté dans la capitale et dans plusieurs villes de province.
Décès d'un journaliste
Le journaliste égyptien Ahmed Mohammed Mahmud, blessé lors des manifestations anti-Moubarak, est mort après quatre jours de coma. Le journaliste du quotidien gouvernemental Al-Ahram avait été atteint par les balles d'un tireur d'élite, la semaine dernière, au moment où il prenait des photos depuis son appartement situé près de la place Tahrir.
Attaque contre un gazoduc
Par ailleurs, dans le nord du Sinaï, un gazoduc reliant l'Égypte à la Jordanie a été la cible d'une attaque à l'explosif dans la ville d'El Arich, samedi. L'attaque a fait des dégâts mineurs et l'incendie a été maîtrisé au bout de trois heures.
Le gazoduc, divisé en deux sections, achemine du gaz en Jordanie et en Israël. L'attaque a atteint la section qui fournit la Jordanie. L'approvisionnement vers les deux pays a été temporairement suspendu par mesure de précaution.
Radio-Canada.ca