Après la décision prise par Zohra Fatma Flici et Rabha Tounsi de boycotter le Colloque international sur les victimes de terrorismes, prévu à Paris, en septembre prochain, Saïda Benhabylès, secrétaire générale du Mouvement féminin de la solidarité avec la femme rurale et présidente du réseau algérien des associations victimes du terrorisme, a décidé de décliner l'invitation des organisateurs. Pour l'ex-ministre de la Solidarité, les organisateurs français «font dans l'amalgame et traitent les résistants du Front de libération nationale de terroristes».
Pour l'organisateur, le but de la rencontre est «d'évoquer la situation des victimes du terrorisme à l'échelle mondiale est non pas celui de faire le procès à certains mouvements révolutionnaires». Cette déclaration du responsable français n'a pas rassuré Mme Benhabyles. «Malheureusement, quand j'ai lu les documents du colloque, surtout l'introduction de la thématique de la conférence, je me suis rendue compte de l'orientation de cette conférence.
Alors que l'évènement se veut de dimension internationale, nos amis européens ont présenté le thème de la conférence sous la définition européenne du terrorisme.
A ce niveau-là, j'ai commencé à avoir des doutes. Nous militons depuis des années pour une définition internationale du terrorisme qui doit être reconnue par les pays membres de l'Organisation des Nations unies et qui ne doit pas faire l'amalgame entre les droits des peuples à leur autodétermination et leur liberté et les actes de terrorisme n'ayant aucune valeur humaine à défendre», a tenu à souligner Mme Benhabyles.
Elle enchine par une constatation de «taille». «J'ai découvert quelque chose de plus grave encore. Dans la présentation du colloque, les organisateurs ont remis en cause une partie importante de notre histoire. Ils qualifient nos résistants et moudjahidine de terroristes.
Les actes de résistance sont considérés comme des actes de terrorisme. Ils ont invité une Française qui était une victime civile de la guerre de libération, lors de l'attentat du Milk Bar en 1956 à Alger, pour témoigner en tant que victime du terrorisme. C'est inconcevable et inadmissible de parler de la guerre algérienne dans le contexte de ce colloque...
Le responsable français(Guillaume Denoix:l'organisateur du colloque) a fait des reproches à Mme Benhabyles en lui disant «qu'elle a été invitée en tant que société civile algérienne et non comme autorité gouvernementale et qu'elle avait reçu un prix des Nations unies pour son combat en faveur de la société civile». La réponse de l'ex-ministre de la Solidarité a été plus mesurée :
«Par respect, et afin de crédibiliser les Nations Unies, j'ai décidé de ne pas participer à ce colloque qui assimile nos résistants aux terroristes. Et lorsqu'il s'agit d'atteinte à notre guerre de libération, il n'y pas de distinction entre société civile et autorité gouvernementale. Je lui ai demandé également s'il accepterait que je qualifie le résistant contre le nazisme Jean Moulin de terroriste. Je lui ai demandé de ramener les victimes de l'OAS en tant que victimes de terrorisme…
Evidemment, il n'a pas accepté», a révélé Mme Benhabyles, soulignant que la conversation téléphonique a duré près de deux heures. Avec la défection de la militante Saïda Benhabyles, la liste des boycotteurs s'allonge. Nous avons appris hier que l'Association des familles de victimes du terrorisme, Djazaïrouna, a également renoncé à participer à cette rencontre.