Alger, décembre 60… Le char de l’histoire, fleuri et ensanglanté, remontait les avenues interdites, poussé par des milliers de bras. Parmi les remous et les ruines. Râles rauques d’un blessé agonisant sur le trottoir.
Chants aigus des enfants et des jeunes :
« …Min djibalina tala’a saout el-ahrar… »
Des montagnes et des villes… des villages et des quartiers…de toute la terre natale et de l’émigration…
« Min cha’bina tala’a saout al-ahrar… »
Alger prenait possession d’elle-même...
C’était décembre 60…Des montagnes de morts, des grimaces de douleurs, naissait la plus belle des espérances… Le dur sourire du fellah sous sa djellaba crasseuse, rejoignait, dans une union brutale mais ancienne, cette marée citadine déferlant sur les pavés interdits.
…
Décembre 60, Alger face aux mâchoires serrées marchait les poings nus, face à la formidable force répressive occidentale…avec comme seule arme, une extraordinaire détermination. Clamer à la face du monde l’inflexible volonté, non seulement de la fraction combattante du peuple mais celle de tout le peuple. Au coude à coude.
…
Alger courageux ! décembre 60 ! seconde manche de la bataille et décisive victoire du peuple en marche. La foule palpitant de fièvre et d’énergie…fraternelle rencontre de l’homme avec l’homme. L’authentique humanité s’extirpant du carcan de la societé coloniale.
Extraits du livre « demain reste toujours à faire » de Abderrahmane Chergou.