J'ai lu avec grand intérêt la réponse de Mr Belaïd Abane, qui est sans aucun doute un parent de feu Abane Ramdane.
La violence de son article, qui dément son affirmation de ne pas vouloir me faire de procès d'intention, ne me permet pas de lui répondre, à moins qu'il ne le recorrige, en enlevant toute expression polémique et toutes les insultes qu'il profère, au passage, à mon égard, comme s'il avait des doutes sur ses propres arguments, préférant les appuyer par des insinuations et des assertions insultantes destinées à attaquer la crédibilité personnelle et la respectabilité de l'auteur de l'article, méthode propre aux tenants des régimes totalitaires, et indignes d'un universitaire. Je lui conseille également de relire attentivement toute la plateforme de la Soummam, y compris le procès-verbal du Congrès du 20 Août 1956.
S'il est un proche parent de feu Abane Ramdane, la violence de son ton ne m'étonne pas : il est un fait historique reconnu et dont peuvent témoigner beaucoup de frères que Abane Ramdane ne se séparait jamais de son révolver qu'il mettait bien en évidence sur la table lorsqu'il discutait avec ses collègues.
Monsieur Belaïd Abane a écrit un article dans lequel il ne fait aucune concession à l'obligation de sérénité propre à l'intellectuel qu'il prétend être, et dont l'objectif est, au-delà des insultes qui me sont adressées et auxquelles je ne m'abaisserai pas à répondre, de terroriser tous ceux qui osent porter une critique quelconque sur son parent : malheur à quiconque ne se pâmerait pas d'admiration devant les hauts faits de feu Abane Ramdane ! Je souhaiterai seulement rappeler à Mr Belaïd Abane que la guerre de Libération a continué malgré la disparition de Abane Ramdane, et que donc celui-ci ne peut être crédité que de ce qu'il a apporté de positif et de négatif à la lutte de Libération nationale, pendant sa période d'activité, c'est-à-dire entre novembre 1954 et décembre 1957, le peuple algérien s'est passé de lui pendant les quatre années et demie qui ont séparé sa disparition de l'indépendance. D'autre part, Abane Ramdane appartient, non à sa famille, mais à l'histoire de l'Algérie, et il est incompréhensible qu'un intellectuel, professeur de surcroît, se croit obligé d'employer contre moi les mêmes méthodes de dénigrement que celles utilisées par Abane Ramdane pour justifier l'élimnination de la scène politique d'un homme sans lequel jamais Abane Ramdane n'aurait été autre qu'un simple fonctionnaire communal, c'est-à-dire Messali Hadj, et que l'appel du sang soit plus fort que la sagesse qui doit conduire celui qui veut donner des leçons de morale et d'objectivité historique. Je m'en tiens à ce que j'ai écrit et j'en prends la totale responsabilité. Les citations tronquées, les affabulations et les insultes de Mr Belaïd Abane, apparemment un spécialiste de la désinformation et de la confusion, ne m'empêcheront pas, chaque fois que je l'estime utile, de continuer à exprimer mes vues et à tenter d'éclairer l'opinion algérienne sur des points d'histoire de notre pays lorsqu'en particulier j'en ai été témoin direct; l'ère de l'intimidation par la basse insulte est dépassée; si Mr Belaïd Abane avait quelque chose de concret et d'indiscutable à opposer à mes affirmations, il aurait utilisé un language moins violent et moins insultant; du fait de la violence et de la bassesse de ses attaques ad hominem, il a enlevé toute crédibilité à sa réponse.
Et c'est pour cette raison que je ne vais pas mordre à l'hameçon de la polémique qu'il me tend et m'engager à refuter chacune de ses assertions. Acceptons donc de ne pas être d'accord sur le rôle de Abane Ramdane, qui appartient à notre histoire commune, et que chacun d'entre nous continue son petit bonhomme de chemin avec ses propres convictions, en sachant que l'histoire peut se réécrire, mais non se revivre ! Je conseille toutefois à Mr Belaïd Abane de reprendre son sang-froid: les événements dont j'ai parlé datent de plus de cinquante ans et il est temps de les examiner avec la froideur d'esprit qui sied surtout lorsqu'on se targue de posséder la vérité absolue et détaillée sur ces événements du passé qui appartiennent à l'histoire de tous les Algériens, et non à l'histoire d'un homme, d'une famille ou même d'une tribu ou d'une région. Je ne voudrai pas terminer sans remercier Mr Belaïd Abane de l'intérêt qu'il a bien voulu porter à mon article et d'avoir pris la peine d'y répondre. Ce n'est évidemment pas le fait qu'il ait répondu qui me chagrine ou même les critiques qu'il exprime, mais seulement le style de sa réponse qui se rapproche plus d'une lettre d'insulte en 20 pages dactylographiées que d'un document de réfutation de faits historiques; et comme on sait, tout est dans le style !
par Mourad Benachenhou / Le quotidien d'oran du 6 septembre 2008